Surtout quand on sait qu'il s'inspire d'une histoire vraie. Intéressante la relation avec la riche héritière des moments suspendus.. On se demande si elle était "normale" aussi. À voir
En 1996 en Tasmanie survint la plus grosse tuerie que l'Australie ait connu, l'œuvre d'un déséquilibré à l'existence marginale. Et c'est sur cet événement que Justin Kurzel revient en nous présentant le point de vue du tueur. Peut-être une tentative d'expliquer l'inexplicable mais surtout une charge virulente contre le port d'armes en Australie. J'ai découvert Caleb Landry Jones dans Dogman, c'est donc tout naturellement que j'ai voulu m'intéresser à ses autres films. Ici il incarne Nitram dans ce drame intimiste et malaisant sur le désœuvrement de l'arrière pays tasmanien et les raisons qui ont amené à ce drame. Encore une fois il est criant de vérité, sa prestation peut même s'avérer pour certains l'unique intérêt du métrage tant il prend la lumière. Pourtant le reste du casting n'est pas en reste avec notamment un étonnant Anthony LaPaglia bien loin de FBI Portés Disparus ... Malgré beaucoup de longueurs voire de lourdeurs, il est bien difficile de décrocher de cette œuvre atypique et édifiante dans laquelle Kurzel a intelligemment évité le sensationnalisme en ne montrant rien de la tuerie en elle-même. Simplement, son métrage veut dire beaucoup et nul doute qu'il réussit sans mal à faire passer ses messages. C'est à voir une fois au moins.
Tout petit déjà il aimait manipuler les pétards et s'en vantait. Adulte, il est présenté comme désoeuvré, insaisissable, la malveillance à fleur de peau. Sa mère (DAVIS excellente) est inquiète, catastrophé et surtout résignée. Connaissant l'issue tragique, il est très intéressant de voir comment est suggéré l'inexorable!
2 faits rendront possibles le passage à l'acte : fascination devant un reportage télévisé sur une tuerie dans une école britannique et facilité d'acheter des armes de grand calibre chez un armurier sans port d'arme et sans enregistrement (merci l'argent liquide). En effet, le film est militant dans sa cause contre le commerce des armes à feu en Australie et sa législation laxiste. 1h20 pour dépeindre les fêlures du personnage et 10 mn pour le passage à l'acte final : une meilleure proportion aurait éviter certaines scènes inutiles et trop longues (surf, chiens, sautes d'humeur injustes, père défaillant mollasson,...) LANDRY et sa performance d'acteur restera dans nos mémoires...
Un film puissant sans aucun pathos ni aucune facilité dans la dramaturgie, porté par un Caleb Landry Jones magistral récompensé à juste titre par une palme du meilleur acteur. Face à lui, Judy Davies, livre une partition exceptionnelle dans le rôle de sa mère. Tiré d'un fait réel terrible qui reste la plus grande tuerie de masse de l'histoire de l'Australie, " Nitram" ne tombe jamais dans la démonstration de l'image (on ne verra d'ailleurs aucune tuerie, ce qui en fait une vraie force cinématographique, car le réalisateur filme au plus près la psychologie des personnages, s'attache à ce trio de protagonistes fils-mère-Helen et jamais l'ennui ne gagne le spectateur, tant la tension est présente, sous-jacente. Magnifique.
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3,0
Publiée le 28 août 2023
Caleb Landry Jones n'a pas tournè avec Justin Kurzel pour de l'argent, on s'en doute! il faut d'autres raisons pour aller chez ce cinèaste australien! Pour Caleb, c'est le plaisir de jouer un rôle complexe, celui du tueur à la chaîne, Martin Bryant, condamnè à perpètuitè lors de la tuerie de Port-Arthur dans les 90's! Le plaisir de bosser aussi avec quelqu'un d'encore plus atypique que lui dont on sait que la folie sera toute entière dans "Nitram" (2021). Avec plus ou moins de rèsultats, il va de soi, mais une authenticitè et un goût de sortir des sentiers battus qui correspondent bien à Caleb Landry Jones! Kurzel pousse ses acteurs, les laisse se comporter en dangereux sociopathe, en hèritière marginale ou en parents brisès du rôle : on cherche, on explore les personnages, on se libère, on est triste, on est terrifiè! Des acteurs remarquables pour un sujet pas très drôle, sans doute parce qu'il s'inspire d'un fait rèel qui glace le sang! Prix d'interprètation à Cannes mèritè pour Caleb Landry Jones, futur grand acteur de demain avec une tronche qui casse les codes de la beautè...
Qu'est-ce qui est le plus dangereux : l'arme... ou celui qu'il la tient, même si on peut légitimement s'interroger sur le fait d'acheter cela comme une simple marchandise ? Ce film dépeint de manière remarquable l'ensemble des personnages, à commencer par le jeune Martin, son amie Helen, son père sans autorité et sa mère autoritaire et lucide. Lhistoire s'attache à vouloir démontrer la mécanique qui a amené ce jeune homme à commettre un tel massacre à Port-Arthur, que rien ne saura jamais excuser. Au-delà du portrait de celui qui a subi des vexations de la part de la société, on découvre surtout celui d'un benêt, reconnu handicapé mental depuis son enfance, à la fois violent et candide ; manipulateur et naïf, qui a évacué sa frustration et voulu qu'on se souvienne de lui par l'irréparable. Les plans séquences et le montage sont excellents, mais on pourra regretter une photographie un peu terne. Une oeuvre qui peut faire date.
Portrait dérangeant mais pas transcendant d’un déséquilibré à la dérive, porté néanmoins par l’interprétation percutante et primée à Cannes de Caleb Landry Jones. 3,25
Je ne connaissais pas ce funeste fait divers. Tout comme j’ignorais que l’Australie avait la même tare que les Etats-Unis d’Amérique en terme de possession d’armes à feu dans les foyers ; à en croire le film, on pouvait acheter des armes avec une déconcertante facilité dans les années 90.
Le film repose sur l’acteur Caleb Landry Jones qui endosse le rôle de Nitram avec brio. Son personnage est glaçant tant il est insaisissable.
Le récit est prenant de bout en bout, je n’ai jamais été tranquille à partir du moment où je comprenais la nature dangereuse de Nitram. Cela dit, ce serait malhonnête de ma part de croire que j’avais pressenti très tôt le caractère meurtrier de Nitram. spoiler: C’est seulement après la transaction immobilière manquée dont est victime son père que j’ai compris sa dimension dangereuse.
Jusque là, je plaignais les parents d’avoir un tel fardeau à gérer. Maintenant, son comportement avec Helen, sur la route, était de nature dangereuse. spoiler:
Je pressentais le drame mais le film s’emploie à me déstabiliser avec la parenthèse Helen tant Nitram semblait apaisé.
Si d’aucuns reprochent au réalisateur une certaine complaisance à suivre ce jeune homme désaxé, on ne peut l’accuser de complaisance pour filmer la violence ultime. Il filme l’horreur hors champs spoiler: et conclut brutalement son récit au moment où Nitram s’apprête à abattre plus de trente personnes à Port Arthur.
Comme je l’ai souvent écrit, je n’éprouve aucune empathie pour les « méchants » réels, c’est pourquoi, je suis resté à distance tout en étant curieux de savoir où ce Nitram allait me mener. J’ai considéré le film de Justin Kurzel comme un fait divers.
Palme d’interprétation méritée pour Caleb Landry Jones qui est pratiquement de tous les plans. Je salue le jeu tout en sobriété et tout en nuance de Judy Davis sous les traits de la mère.
En 2021, le réalisateur australien Justin Kurzel propose le portrait psychologique du meurtrier de la tuerie de Port-Arthur en Tasmanie, ayant fait 35 victimes au milieu des années 1990. Là où « Elephant » de Gus Van Sant restait sur une approche très factuelle d’une fusillade similaire (celle de Columbine aux Etats-Unis), ici le film s’intéresse surtout aux fragilités mentales de son personnage principal. C’est à la fois déconcertant et terrifiant de voir le cheminement vertigineux de ce jeune homme à fleur de peau. Il faut reconnaître que l’acteur américain Caleb Landry Jones porte ce rôle difficile avec un talent impressionnant. Bref, un long-métrage glaçant comportant une vive dénonciation de la vente de armes à feu.
Comme une roue qui se désolidarise de la jante, le personnage solitaire et traumatisé poursuit son parcours marginal erratique et nous entraine obstinément par secousses brutales depuis son chaos mental vers la sourde, froide et implacable issue de son parcours. Tout sonne juste dans ce relevé clinique d'une folie individuelle produite par le corps social et la fascination paranoïaque d'un peuple entier pour les armes. L'acteur offre ci une performance de premier ordre dans son déséquilibre, difficile de rester inerte devant son mutisme instable et bouillonnant. Les personnages secondaires l'entourent avec justesse accablés et sans avoir vraiment de prise.
Le sujet pourrait donner dans le vulgaire mais il ne cède à aucun sensationnalisme. Un tour de force qui évite la bestialité moralisatrice et clivante.
Un long métrage perturbant qui rappelle le "Elephant" de Gus van Sant, porté par un comédien transporté par son personnage et qui n'a pas volé son prix d'interprétation à Cannes.