Du haut de ses 80 printemps, André Téchiné tourne encore et toujours de manière assez régulière, un peu comme son cousin transatlantique, Woody Allen. Alors forcément, la qualité ne peut être à chaque fois au rendez-vous. Si, récemment, il nous a conquis avec le très beau « Quand on a 17 ans » ou, un peu plus en arrière, les sublimes « Les Témoins » et « Les Égarés », il n’est pas exempt de ratés. On pense notamment à l’horrible « La fille du RER » ou plus récemment « Impardonnables ». Et bien malheureusement son dernier opus va plutôt rentrer dans cette dernière catégorie. Sans être foireux, « Les âmes sœurs » passe totalement à côté de son sujet délicat et sulfureux et nous ennuie à force d’hésitations et de vide.
Heureusement, toujours au fait des tendances malgré son âge avancé, Téchiné s’est entouré de deux des comédiens les plus prometteurs de sa génération. Le beau Benjamin Voisin dont la filmographie s’approchait jusque-là pourtant du sans-faute (on pense au trio magnifique de perles cinématographiques que sont « Été 85 », « Illusions perdues » et « En roue libre ») et de Noémie Merlant que l’on voit un peu partout dans des rôles simples (le décevant « Une année difficile ») ou casse-cou, dont elle se tire avec les honneurs, (l’intéressant « A good man ») comme des petits bijou (« L’Innocent » qui lui a valu un César). Un beau duo pas toujours complémentaire mais dont les partitions séparées font tout le sel du film. Et le principal intérêt qu’on lui porte. En effet, l’osmose censée exister entre eux ainsi que l’amour fraternel (pour l’une) et le désir (pour l’autre) ne sont pas vraiment bien retranscrits à l’écran, on n’y croit pas alors que c’est le noyau dur du film.
Téchiné passe donc à côté de son film. On a même l’impression que ce sujet de l’inceste entre un frère et une sœur lui fait peur. Il met presque la moitié du film à l’appréhender puis l’évacue de manière assez frustrante, voguant d’un sujet superficiel à un autre (le voisin travesti, le conseil municipal, ...). De plus, sa mise en scène nous apparaît comme datée, erratique comme si le cinéaste étant en panne de poésie et de fulgurances. « Les âmes sœurs » se révèle même une œuvre moche à regarder, presque tristounette. On nous aurait dit que c’est un téléfilm que l’on n’aurait pas été surpris. On est donc face à un long-métrage qui manque de passion, qui s’éternise sur plusieurs sujets parallèles mais accessoires (on parle aussi par exemple du retour de guerre et d’amnésie) et les survole tous. Un coup dans l’eau pour le metteur en scène et un film totalement dispensable pour le spectateur.
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