Dans Nobel, un vieil homme part en voyage recevoir un prix prestigieux accompagné d'une personne plus jeune. Le trajet est pour lui l'occasion de faire un point sur sa vie. Cette intrigue n'est pas sans rappeler d'autres films prestigieux comme Les Fraises sauvages d'Ingmar Bergman ou Harry dans tous ses états de Woody Allen.
Fabio Carpi compare Nobel à un voyage aussi bien au sens littéral que symbolique : "Nobel pourrait être défini comme étant un road-movie, et en même temps, comme un kammerspiel (théâtre intimiste) parce que, bien qu'il accompagne les deux héros dans un voyage qui se déroule à travers la Suisse, l'Allemagne, et jusqu'au Danemark, avec les rencontres et les mésaventures caractéristiques de tout voyage, ce film est aussi (et peut-être surtout) un récit intériorisé qui, à travers les deux héros, l'écrivain Alberto et le journaliste Alessandro, tend à représenter deux âges de l'homme, la vieillesse et la jeunesse, et deux façons différentes, voire opposées d'affronter la vie, que le vieil écrivain contemple d'un air désenchanté, tandis que son jeune companon l'agresse avec une exubérante vitalité. Alberto, modérement cynique, Alessandro sentimental, les deux voyageurs forment un couple à la fois affectueux et conflictuel, comme le sont presque toujours les couples père/fils."
Fabio Carpi parle des principaux thèmes de Nobel : "Le film reprend en un certain sens, et élabore à nouveau avec une histoire différente, les mêmes thèmes que ceux d' Il Quartetto Basileus : le refus de la paternité, l'affrontement entre les générations, l'attirance pour la jeunesse, le regret du temps perdu, le conflit mannien entre l'art et la vie. Mais tandis que dans Quartetto Basileus l'art s'illustrait à travers la musique et dans une de ses expressions les plus intimes -le quatuor justement - ici l'ascèse, le processus de ségrégation, de distanciation du monde (et de ses vanités) est imposé par la littérature pratiquée de manière si exclusive qu'elle va jusqu'à lui sacrifier l'expérience du mariage et de la paternité, avec comme résultat l'ouverture d'une blessure incurable que même l'attribution du Prix Nobel ne réussira pas à refermer."
Fabio Carpi parle de ce que le voyage apporte à ses deux personnages : "Pour Alessandro, le jeune homme, c'est un voyage d'initiation aux mystères (et aux sacrifices) de la littérature. Pour Alberto, l'homme mûr, c'est la découverte d'une richesse vitale qu'il s'est volontairement refusé au cours de son existence égoïste, à travers le regard avide - la jeunesse est toujours avide - du journaliste."
Hector Alterio, un des deux acteurs principaux de Nobel, a travaillé à plusieurs reprises avec Fabio Carpi. Cette star du cinéma argentin faisait déjà parti des castings d'Il Quartetto Basileus et de Barbablú, Barbablú.
Fabio Carpi évoque l'histoire du film Nobel : "Les rencontres de voyages, les désaccords entre ces deux personnages que tellement d'années séparent, les incompréhensions réciproques, les jalousies, les disputes, les séparations, les amours - même si sous une forme différente - pour la même femme, constituent le tissu d'une histoire qui est aussi riche en coups de théâtre souvent imprévisibles, et toujours jouée sur le fil de l'ironie."
Fabio Carpi s'explique sur la réapparition de la femme avec qui Alberto avait une liaison : "La femme que l'écrivain a aimé (et, par égoïsme, abandonné dans le passé) revient, de façon répétitive, se présenter dans les moments de solitude, à la mémoire de l'écrivain qui à la fin, parvient à en évoquer l'image éternellement jeune, dans l'extrême tentative de la posséder. Mais c'est un rêve - ou un regret - qu'il serre dans ses bras."