My Son : les secrets du tournage

My Son est le remake de Mon garçon, réalisé par Christian Carion et sorti en 2017. Désireux de revivre l’expérience inédite qu’avait été le tournage de Mon garçon, il a décidé d’en faire un remake avec cette fois James McAvoy, à qui il a interdit de voir le film original. « Oubliez la version française, pour ceux qui l’avaient vue, car c’est une autre expérience, une autre déclinaison, un autre film », affirme le réalisateur.

À l’instar de Mon garçon, My Son a été tourné selon un processus singulier, qui consiste à cacher l’histoire et le scénario à l’acteur principal. Ainsi, James McAvoy est arrivé sur le plateau en sachant uniquement qu’il incarnait un homme dont le jeune fils avait disparu. Le reste a été improvisé, avec l’appui du reste du casting, qui a reçu pour instruction de guider McAvoy à travers la narration préalablement conçue par Christian Carion, de l’orienter et de l’influencer. Cette improvisation orchestrée a pour objectif de permettre aux acteurs d’exprimer des émotions spontanées, et même d’imaginer leur propre dialogue sur le moment s’ils le souhaitent.

C’est en 2002, juste après la sortie de son premier film, Une hirondelle a fait le printemps, que Christian Carion a eu l’idée de Mon garçon, qui donnera naissance à My Son. C’est d’abord l’histoire qui s’est imposée à lui, alors qu’il était en instance de divorce : celle d’un père absent rongé par la culpabilité d’être loin de son fils à cause de son travail. Quand son enfant disparaît, il est prêt à tout pour payer ce que le réalisateur et scénariste appelle « la facture » : sa dette pour n’avoir pas été là. Occupé par d’autres films, ce n’est qu’en 2016 que Carion s'est replongé dans ce projet. C’est le planning serré de Guillaume Canet qui a poussé le réalisateur à mettre en place un tournage très court, inspiré par Victoria de Sebastian Schipper, tourné en un seul plan-séquence continu : « nous n’avons pas procédé de la même manière que Victoria, mais comme eux par contre, nous avons décidé de prendre beaucoup de risques et de tourner en un temps très court. »

My Son devait à l’origine se situer dans les montagnes Rocheuses de l’Ouest des États-Unis mais la production a décidé de tourner dans les Highlands en Écosse avec une distribution entièrement britannique, en raison de la pandémie de Covid-19.

Lors du tournage en Écosse fin octobre 2020, une personne a été testée positive au Covid-19, et des procédures de recherche de cas contacts et d’isolement ont été mises en place. Christian Carion était l’un des membres de l’équipe qui ont dû s’isoler, et le tournage a été interrompu. Si cette pause a semblé être un obstacle au départ, elle s’est finalement révélée être une aubaine. Cela a en effet permis aux comédiens, à l’exception de James McAvoy, de répéter, et au réalisateur de réécrire certaines scènes.

My Son a été tourné deux fois : d’abord, une première version sans James McAvoy, afin d’établir un plan pour les acteurs et l’équipe technique une fois qu’il serait arrivé ; puis une seconde avec l’acteur principal. Mark Barrett a fait office de doublure de McAvoy lors de la première passe, ses mouvements et ses réactions donnant à l’équipe une idée de la manière de tourner chaque scène en termes de choix d’objectifs, de positions de caméra et d’éclairage. Une répétition générale qui a duré deux semaines.

Même si l’objectif était de tourner chaque scène en une seule prise, ce n’était pas toujours possible. Parfois, les réactions de James McAvoy entraînaient le récit dans une impasse. Il fallait dans ce cas retourner la scène.