Poumon vert et tapis rouge est parti d'une rencontre entre Luc Marescot et le célèbre botaniste Francis Hallé (qui avait participé, en 2013, à la conception du documentaire ambitieux de Luc Jacquet Il était une forêt), au début des années 2000. Le réalisateur se rappelle :
"Je filmais avec Antoine de Maximy (J’irai dormir chez vous) une expédition du radeau des cimes dans une forêt de Madagascar. Et c’est là-haut, dans la canopée, que je passe des heures avec le célèbre botaniste Francis Hallé."
"Il me révèle certains secrets de la grande forêt : les symbioses, les coopérations entre plantes et animaux, l’ingéniosité du végétal... Et je me mets à aimer sa forêt, parce que ses histoires déclenchent mon imaginaire. J’y perçois quelque chose de magique."
"J’avais pourtant déjà filmé des forêts tropicales, mais elles m’apparaissaient alors comme de grands à-plats verts, presque inertes ; des cartes postales de chlorophylle. Là-haut, au cœur des hautes cimes, les histoires de Francis me rendaient cet univers fascinant."
"Ni véritablement road-movie, ni comédie, ni drame, western ou thriller, ce long-métrage documentaire est inclassable, d’un genre inconnu. C’est ce qui fait sa force. Ce projet était assez fou et risqué pour décider au début de ne mouiller personne d’autre que moi ! J’ai cassé ma tirelire, je suis parti en repérage, repérage, en utilisant de petites caméras que j’avais dans mes poches ou dans mon sac à dos, pour déclencher très rapidement, saisir l’instant, préserver l’authenticité des situations, ne pas tricher avec le spectateur."
Côté influences, Luc Marescot a été marqué par Erin Brockovich, Woman at War, Dark Waters ou Blood Diamond : des films où des anonymes décident de se battre contre des lobbys et les désastres écologiques qu’ils créent. Le metteur en scène précise :
"Quand je suis en forêt tropicale, près des chantiers forestiers, à voir tomber des arbres centenaires comme de vulgaires allumettes, je rêve d’un botaniste pacifiste qui se transforme en éco-guerrier, et endigue ce massacre boulimique."
"C’est forcément un personnage de cinéma, pour mieux dénoncer les rouages pernicieux du commerce du bois, et filmer des scènes impossibles à saisir en mode documentaire. J’ai été impressionné par l’impact de Blood Diamond, dans lequel joue Leonardo DiCaprio."
"Après sa sortie, le film a participé à faire chuter le trafic illégal de diamants d’environ 15%. Alors pourquoi pas un Blood Forest ? Ces films ont souvent plus d’impact quand ils sont joués par des acteurs à la renommée planétaire."
Les documentaires sur la déforestation sont souvent regardés par des téléspectateurs déjà convaincus. Ces derniers sont conscients de l’urgence, l’obligation de changer notre façon d’exploiter les forêts. Luc Marescot explique :
"Afin qu’il en reste assez pour endiguer le réchauffement climatique, et fabriquer l’oxygène dont nous avons besoin pour respirer. Pour toucher un plus large public, il faut séduire autrement, je fais alors le pari d’un film ‘‘cheval de Troie’’ : avancer avec une histoire sur les arcanes du cinéma, sa magie, et délivrer en sous-texte le message d’alerte du botaniste Francis Hallé. C’est l’enjeu de Poumon vert et tapis rouge."