Thriller dramatique, coécrit et réalisé par Patricia Mazuy, Bowling Saturne est un long-métrage impactant. L'histoire nous fait suivre deux demi-frères dont le père vient de mourir. Guillaume, policier ambitieux, hérite alors du bowling de son paternel. Mais souhaitant se consacrer à sa carrière, il offre la gérance à Armand, le benjamin marginal. Seulement, cet héritage maudit va plonger les deux hommes dans un gouffre de violence. Ce scénario nous embarque pendant environ une heure et quarante-cinq minutes, dans une intrigue inégale. En effet, on assiste à trois parties oscillant entre le bon et le moins bon. Le début est prometteur car il nous plonge dans une ambiance d'une grande noirceur et d'une froideur inquiétante, accouchant d'une scène extrêmement violente et choquante, avant que le récit s'attarde sur une enquête qui n'en est pas vraiment une, pour enfin rebasculer dans un dernier acte retombant dans la violence. Le rythme se veut lent et certains éléments manquent de contexte narratif, notamment les motivations du tueur. Cependant, le parallèle établi avec la chasse donne du corps au sujet. Tout le sel du film se trouve dans l'opposition entre les deux frères, interprétés par des acteurs moyennement convaincants que sont Arieh Worthalter et Achille Reggiani. Le rôle du premier manque de consistance, le second est lui plus convaincant grâce à son côté bestial et imprévisible. Mais le problème principal provient d'avantage de la direction d'acteur créant des échanges et des dialogues peu naturels et trop surjoués donnant des réactions étranges. Le reste de la distribution comporte quelques seconds rôles ayant leur importance mais mal exploités. Tous ces individus entretiennent des relations musclées, procurant de l'angoisse en dépit de répliques sans épaisseur. Sur la forme, la réalisation de Patricia Mazuy s'avère convenable, bien que banale. Cependant, l'esthétique sombre possède un certain cachet grâce aux néons rouges offrant un jeu de lumière couleur sang raccord avec le propos. De surcroît, les environnements glauques, entre un bowling peu accueillant et un appartement funèbre, renforcent encore plus cette sensation d'angoisse. Ce visuel travaillé offre quelques images marquantes assez insoutenables. La b.o. accompagnant l'ensemble se veut plutôt discrète malgré des notes alarmistes. Cette sauvagerie s'achève sur une résolution abrupte et vite expédiée au léger goût d'inachevée, venant mettre un terme à Bowling Saturne, qui, en conclusion, est une œuvre marquante méritant d'être visionnée malgré ses défauts.