Buladó marque les premiers pas de la jeune Tiara Richards au cinéma. Elle a été repérée dans une école primaire de Curaçao, et auditionnée parmi 42 autres filles. Elle n’avait alors aucune expérience du jeu d’acteur.
Le film a été entièrement tourné à Bandabou, une région au nord-ouest de Curaçao. Cette île aux Petites Antilles, dans les Caraïbes, est un état autonome appartenant au Royaume des Pays-Bas, depuis la dissolution de la fédération des Antilles néerlandaises le 10 octobre 2010.
L’île de Curaçao est d’abord habitée par les Amérindiens Arawaks (Caquetios) venant du Vénézuela, puis l’Empire d’Espagne s’en empare en 1499. Au XVIIe siècle, elle est occupée par la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales qui en fait son port d’attache dans la mer des Caraïbes. L’île a une histoire qui est depuis le XVIe siècle intrinsèquement liée à celle du grand commerce esclavagiste. Au XVIIe siècle, le port de Curaçao était le principal port du commerce des esclaves aux Caraïbes. Les bateaux en provenance d’Afrique y accostaient et débarquaient les esclaves, ensuite répartis entre les différentes destinations et disséminés dans les autres îles des Caraïbes.
Le film a eu pour titre provisoire « Flying Fish Don’t Drown » (« Les poissons volants ne se noient pas ») mais celui-ci a été jugé trop long. Un autre titre fut envisagé : « De Piská buladó », qui signifie « poisson volant » en papiamento, pour finalement ne retenir que Buladó, qui signifie « décoller » ou « tout ce qui décolle ». Le réalisateur explique : « C’était plus pertinent. C’est l’expression du mouvement de la vie : une danse indicible entre liberté et mort où l’esprit finit par s’élever. »
Le papiamento est une langue créole des Antilles néerlandaises. Il viendrait du verbe « papia », parler, et d’un mot portugais, « papear », auquel on a ajouté le suffixe -mento qui signifie à peu près : « manière de parler ». Le papiamento trouve ses racines dans un grand nombre de langues, témoignant de l’héritage culturel de l’île. Il serait notamment un mélange de portugais, d’espagnol, de néerlandais, de français, d’anglais, de langues africaines et de la langue originelle des Arawaks (les Arawaks Caquetios étaient les habitants des îles à l’arrivée des Européens). La scénariste a d’abord écrit les dialogues en néerlandais avant que la plupart d’entre eux soient traduits en papiamento : « Nous avons mis près d’un an à construire la structure de l’histoire. Pour moi, chaque personnage doit avoir un langage propre. Je pèse chaque mot. La beauté de l’île réside notamment dans sa poésie. »
L’idée de ce long métrage est venue à Eché Janga en découvrant une histoire écrite par son oncle, Orlando, un homme très spirituel qui lui a également inspiré le personnage du grand-père, Weljo. L’histoire est adaptée d’une légende relatant les tentatives d’évasion désespérées d’esclaves locaux qui cherchaient à se libérer des mines de sel. Dans la légende, les esclaves en fuite pouvaient se rendre sur une montagne voisine d’où ils sauteraient. Des ailes leur pousseraient alors et les ramèneraient en Afrique, vers leur liberté. Cette histoire est transmise oralement de génération en génération.