Après avoir tourné dans sa ville natale Retour à Forbach, Régis Sauder a posé sa caméra à Cergy pour J’ai aimé vivre là. C’est lors d’une présentation de Retour à Forbach au cinéma Utopia de Saint-Ouen l’Aumône à côté de Cergy qu’il a rencontré Annie Ernaux « qui avait aimé le film et qui m’a invité à visiter la ville nouvelle où elle est installée depuis longtemps. Le film met en scène cette rencontre, cette balade de mai 2017, il est nourri de la correspondance qui en a découlé. »
« J’ai le sentiment que mon cinéma tente modestement de filmer la vie, avec au cœur de mon projet cinématographique, permettre aux autres d’énoncer un récit de vie, leur récit », déclare Régis Sauder. Suite à sa première rencontre avec Annie Ernaux, le réalisateur est venu régulièrement à Cergy pour découvrir la ville en profondeur. Il souhaitait la raconter à travers les récits de ses habitants.
Parallèlement à ses visites régulières de Cergy, le réalisateur a travaillé avec un groupe de lycéens pendant un an. Il a commencé à leur faire découvrir les textes d’Annie Ernaux, auxquels ils ont réagi positivement : « J’ai très vite construit le film dans l’idée que je ne m’entretiendrai pas avec Annie Ernaux, mais qu’elle serait présente par ses fragments de textes dits par elle et les autres. Le choix des textes a été guidé par les lieux, et les personnages. […] Les textes viennent s’articuler aux situations sans jamais les décrire, l’image ne devait pas illustrer les textes mais nous devions trouver à chaque itération la possibilité de faire dialoguer les mots d’Annie Ernaux et le récit du film porté par les histoires des un.e.s et des autres. »
Le réalisateur a choisi de ne pas trop s’approcher des habitants afin de filmer leur corps au sein de l’espace de la ville et faire ressentir les différentes échelles. Il ajoute : « Je voulais aussi un film chaleureux et solaire pour traduire le bonheur des personnages à habiter cette ville. Je voulais d’un film où on se sente bien, à l’image de ce que j’ai ressenti en découvrant ces lieux. »
Outre sa voix, on aperçoit également l’écrivaine dans quelques scènes du film. « Elle est une habitante parmi les autres, cela me semblait naturel de la croiser », justifie le réalisateur, qui a décidé de ne pas la faire dialoguer face caméra : « elle n’en avait pas envie mais être sur mon chemin comme les autres, oui. »