Eva Husson pouvait elle faire pire que "Les filles du soleil", son film précédent, sorti il y a 3 ans ? Le challenge était difficile et on doit reconnaître que "Entre les lignes" n'arrive pas à dépasser, ni même à égaler, le niveau de médiocrité atteint par "Les filles du soleil". Cela étant dit, force est de reconnaître que ce film, présenté dans la sélection Cannes Première de ... Cannes 2021, est loin d'être un chef d'œuvre, ce qui explique peut-être pourquoi le distributeur a attendu 2 ans pour le sortir en France ! "Entre les lignes" est l'adaptation au cinéma du roman "Mothering Sunday: A Romance" ("Le dimanche des mères" dans sa traduction française) écrit en 2016 par Graham Swift. Quand on cannait la qualité des réalisateurs britanniques lorsqu'il s'agit de porter à l'écran des films d'époque, on se demande pourquoi il a été fait appel à une française pour réaliser ce "Mothering sunday" ! L'histoire n'est pas inintéressante, quand bien même elle n'est pas franchement nouvelle : la relation à base de discrètes rencontres sexuelles entre Jane, une jeune bonne, abandonnée à la naissance par sa mère, et Paul, un jeune homme de la haute société locale sur le point de se marier avec une jeune femme du même milieu que lui. On aurait souhaité, toutefois, que soit davantage traité l'impact des décès dus à la première guerre mondiale sur les familles britanniques. La construction du film n'est pas inintéressante : l'action principale se déroule le jour de la fête des mères, fin mars 1924, alors qu'un pique-nique est organisé entre les familles de cette haute société locale, ce qui donne à Jane et Paul la possibilité d'avoir du temps pour le type de rencontre qu'ils apprécient tous les deux, et, tout au long de cette action principale, on a droit à de courts flash-back qui permettent d'éclairer certains points concernant Jane et Paul ainsi qu'à des sauts en avant, en général plus longs, qui permettent, eux, de nous raconter des évènements vécus plus tard par Jane. Histoire pas inintéressante, construction pas inintéressante, MAIS réalisation d'une grande mollesse, chichiteuse à souhait, avec de très longues scènes de nudité dont la justification ne saute pas aux yeux et des ralentis tout aussi "gratuits". La distribution ne sauve qu'à peine le film, les deux interprètes principaux, l'australienne Odessa Young dans le rôle de Jane, et Josh O'Connor, interprète du Prince Charles dans "The Crown", interprète ici de Paul, ne poussant pas très loin le curseur de la passion sexuelle et les très confirmé.e.s Colin Firth, Olivia Colman et, plus encore, Glenda Jackson n'ayant dans ce film que des rôles mineurs.