Parfois, un mélange ne prend pas. Que les intentions soient bonnes ou mauvaises, réfléchies ou impulsives, n’y change rien. Un autre mélange, ou le même avec un autre dosage, aurait peut-être fonctionné, ou peut-être pas, on ne le saura jamais. ‘Kung fu Zohra’ est un mélange qui ne prend pas, malgré le capital-sympathie dont bénéficient les différents acteurs. Pendant une heure, le film tient du drame domestique classique. Zohra est sous la coupe d’un mari qui lui en retourne une les soirs de biture ou de contrariété, mais elle ne parvient pas à partir car elle redoute de priver sa fille de son père. Jusque là, ça ne se défend pas trop mal, le sujet est traité avec un sérieux relatif, même si on n’y retrouve pas le côté glauque et hyper anxiogène d’un ‘Jusqu’à la garde’. Ensuite, Zohra rencontre un vieux Chinois qui va lui apprendre le kung-fu mais dans le kung-fu comme dans la rupture, tout est question de mental plus que de technique. On a beau essayer, on ne parvient jamais vraiment à relier les deux ensemble. Pourtant, on comprend la volonté de traiter un sujet aussi dramatique avec un peu de légèreté, d’absurde et d’optimisme parce que on ne va pas se mentir, on attend tout le film que Zohra mette sa raclée à Omar. Et quand ça arrive, au beau milieu de l’appart de banlieue, ça parvient à évoquer les films de Jackie Chan et c’est clairement le meilleur moment du film. Dénoncer un sujet de société ou rendre hommage aux films d’arts martiaux, on ne sait pas quelle était la motivation principale de Mabrouk El Mechri…mais on pressent qu’il aurait été plus inspiré d’aborder les deux projets séparément.