Christian Schwochow, excellent cinéaste, a plus d'une fois montré qu'il savait faire des films qui marquent (cf. ma critique de "La leçon d'Allemand" sur ce site). Sur la forme, "L'étau de Munich" est impeccable : superbe reconstitution d'époque, prise de vue magnifique, mise en scène magistrale, jeu d'acteurs excellents (le duo Jannis Niewöhner + George Mackay fonctionne à merveille ; Jeremy Iron campe brillamment Neuville Chamberlain ; Sandra Hüller superbe – seul l'acteur jouant Adolf Hitler n'est pas à la hauteur du (difficile) rôle). Bref, tout ou presque pour faire un grand film.
Hélas, le scénario n'est pas à la hauteur du reste ; mais quand Robert Harris (scénariste, espèce de "Pierre Lemaître" britannique) revisite l'Histoire, c'est toujours catastrophique ! "L'étau de Munich" ne fait pas exception. Certes, un film est une œuvre de fiction, pas un documentaire, et peut prendre des licences avec l'Histoire, mais pas forcément de façon aussi affligeante, manichéenne, et nombriliste (à croire qu'il n'y avait que Hitler et Chamberlain, Allemands et Anglais, à cette conférence : Mussolini et Daladier, Italiens et Français, sont complètement transparents !). Entièrement d'accord avec un forumeur, Harris se perd dans une tentative de "Munich 38 pour les nuls" peu satisfaisante, et la conclusion du film est une erreur flagrante : mieux eût valu reprendre la conclusion de W. Churchill : "Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur, vous aurez la guerre !"
Bon ne boudons pas notre plaisir, cela reste un film agréable à regarder pour les qualités susdites, si on fait fi de sa faiblesse scénaristique.