Monique Pinçon-Charlot et son mari Michel Pinçon sont deux anciens directeurs de recherche au CNRS qui ont consacré leurs vies et leurs livres, rédigés à quatre mains, à l'étude de la haute bourgeoisie et des élites. Depuis leurs départs à la retraite, leurs écrits se sont faits de plus en plus militants. Le Président des riches, une enquête sur "l'oligarchie" dans la France de Nicolas Sarkozy les a fait connaître en 2010 du grand public.
Leurs travaux engagés ont néanmoins suscité des critiques de leurs collègues qui reprochent à leur militantisme et à leurs préjugés de les aveugler. Julien Damon (professeur à l'IEP de Paris), estime qu'« en faisant fi de toute méthodologie, le couple de sociologues porte atteinte à la discipline ». Il juge leurs travaux « frauduleux ». « Deux célèbres sociologues retraités du CNRS combinent allègrement sabir sociologisant et convictions militantes pour attiser une certaine richophobie ambiante. [...] On a le droit de ne pas aimer les riches. Encore faudrait-il un minimum de rigueur et limiter l'invective » écrivait venimeusement Les Echos à la sortie fin 2018 de la bande dessinée Les Riches au tribunal dont les Pinçon-Charlot avaient signé le texte.
En novembre 2020, Monique Pinçon-Charlot est intervenue dans le documentaire complotiste "Hold-up". Elle y affirmait que, du fait du dérèglement climatique, dont le Covid-19 serait une conséquence, « il y a un holocauste, qui va éliminer certainement (…) 3,5 milliards d’êtres humains » et qui rappellerait ce que « les nazis allemands ont fait » pendant la guerre. Elle s'est par la suite excusée de ces propos outranciers.
Sans évoquer cette polémique, Basile Carré-Agostini a suivi pas à pas Monique et Michèle pendant plusieurs années. Il les a filmés dans l'intimité de leur petit pavillon de banlieue ; il les a accompagnés dans leurs nombreux déplacements, à la fête de l'Humanité, chez les grévistes de Ford à Blanquefort (où ils dînent en compagnie de Philippe Poutou), chaque samedi à Paris, aux côtés des Gilets jaunes, que Monique coache bénévolement avant leur passage à la télévision...
On peut être d'accord ou pas avec les idées des Pinçon-Charlot, quand ils accusent les ultra-riches de former une caste homogame, méprisante et apatride, quand ils prônent la Révolution prolétarienne, quand ils demandent la comparution de Macron devant la Cour pénale internationale (CPI). On sera dans tous les cas touchés par ce couple de retraités infatigables, par leur inextinguible curiosité intellectuelle, par leur intarissable goût du contact et de l'échange. Ils forment un couple indissolublement lié. Ils nourrissent l'un pour l'autre un attachement vieux d'un demi-siècle né d'une complicité intellectuelle totale qui se manifeste devant la caméra dans une multitude de petits gestes attendrissants.