Si les noms de Monique Pinçon-Charlot et de Michel Pinçon vous sont inconnus, ce documentaire de Basile Carré-Agostini va vous permettre de faire connaissance avec cet extraordinaire couple de sociologues, souvent appelés les Pinçon-Charlot, qui a consacré une bonne partie de sa vie, de 1986 à 2007, à l’étude de la haute bourgeoisie et de ce qu’il est convenu d’appeler les élites sociales : les dynasties, les nouveaux riches, leur entre-soi, leurs loisirs, leurs us et coutumes, etc. Lui est né en 1942, dans une famille d’ouvriers. Elle, c’est en 1946 dans une famille de la bourgeoisie provinciale qu’elle a vu le jour. Il se sont mariés en 1967 et ont effectué la plus grande partie de leur carrière au sein du CNRS où ils étaient Directeurs de recherche. Vu leur âge, ils doivent être à la retraite, vous dites vous probablement. Oui, ils sont à la retraite depuis 2007, mais pas question pour eux d’abandonner pour autant leur combat contre les injustices sociales. D’autant plus que leur état de retraités leur permet d’être « libérés de leur neutralité scientifique », de pouvoir sortir de leur devoir de réserve et d’être plus engagés sur le terrain politique. C’est parce qu’ils se demandaient à leur sujet « comment trouver le courage de continuer à lutter quand on voit le monde qu’on rêve s’éloigner chaque jour un peu plus ? » que Basile Carré-Agostini s’est mis en tête de réaliser un portrait intime des Pinçon-Charlot. Alors que le couple et le réalisateur s’étaient rencontrés avant l’élection d’Emmanuel Macron et pressentant tous les trois que le quinquennat à venir allait accélérer la guerre de classe contre les travailleurs, ils ont décidé d’un commun accord de traverser ensemble ces 5 ans à venir. Certes, ce film est sur les écrans alors que le quinquennat n’est pas terminé, mais, malheureusement pour les classes populaires, 4 ans ont été largement suffisants pour confirmer ce que le trio pressentait, avec le mouvement des gilets jaunes et les manifestations de la fin de 2018 et du début de 2019 en point d’orgue.