Pour son premier long métrage ayant les honneurs d'une sortie en salles, Mathieu Gerault a voulu faire un film sur le retour de guerre et aborder la thématique de fraternité. Le metteur en scène explique : "Quand j'étais enfant, j'ai été séparé de mes jeunes frères. Le retour du soldat avec sa mythologie, était idéal pour aborder ces questions."
Pour Mathieu Gerault, Sentinelle sud est un mélange de deux genres : le film noir (braquage, dette, tentation criminelle, etc.) et la chronique sociale et politique (les difficultées engendrées par le retour de guerre). "Autant de figures, d'envies de cinéma, qui me permettaient d'exprimer la quête affective de Christian et sa dimension tragique", précise le cinéaste.
Mathieu Gerault a puisé une partie de son inspiration dans un certain classicisme américain. En particulier les films de Sidney Lumet (Serpico, Un après-midi de chien, etc.), qui suivent la dérive intime d'un anti-héros charismatique.
Mathieu Gerault voulait éviter les flashbacks montrant des scènes de guerre. "Quand vous rentrez de la guerre, le mal est diffus, vous ne comprenez pas ce qui se passe. Ce qui m'intéressait, c'est comment la guerre invisible, hors-champs, en révèle une autre, intime et sentimentale, comment elle vous met devant votre vérité", précise-t-il.
Tous les acteurs principaux de Sentinelle sud viennent de divers coins du monde. Une chose importante pour Mathieu Gerault, qui explique : "India Hair vient d'Angleterre, Niels Schneider de Montréal, Sofian Khammes d'Afrique du Nord, Thomas Daloz est un frontalier, ça comptait pour moi d'être aussi hors de France, dans une quête d'unité."
Mathieu Gerault a fait appel au compositeur russe Evgueni Galperine, qui avait travaillé sur le précédent film du réalisateur, le policier Journal IV (2005). Ce dernier confie : "Quelque chose le connecte avec l'intériorité de mes personnages avec leurs démons. Sa musique accompagne Christian comme une sœur, inquiète de son sort, elle exprime beaucoup de secrets."