Documentaire à la fois gracieux et monolithique. Photographie très belle, musiques bien choisies, mais un effet bulldozer. Ça file tout droit, tout le monde en rangs serrés. Peu de place pour un point de vue autre que celui de… la mère, véritable protagoniste du film. //
À l'arrivée, une impression de malaise, comme si le véritable sujet du film n'était pas ce qu'on croit… //
NOTE : à l'automne 2020, faut-il rappeler que, dans les problèmes entre enseignants et parents d'élèves, un peu de réserve est la bienvenue ? //
"Petite fille". Pas "Sasha". Dès le titre, on sait ce qu'on est censé voir…Un "a priori" ?//
Retour sur un point polémique du film. Il est demandé à la mère si elle a souhaité avoir une fille pendant la grossesse. Réponse "Oui, très fort. J'ai été déçue." //
Demander cela, ce n'est pas pour pouvoir dire "C'est à cause de ça, voilà !" : ça peut-être une question parmi d'autres, pour voir le contexte. Pour voir si aujourd'hui il ne reste pas quelque chose de ce désir qui pèserait sur l'enfant… //
Plus tard, chez la pédopsychiatre : la doctoresse, sans même laisser la mère finir sa phrase ("Est-ce que peut-être ça…"), répond "Non". On comprend quoi ? Entre "c'est de votre faute !" et "ça n'a aucun rapport", il y a toute une palette de nuances qui disparaissent d'un coup. //
OK, ça allège la culpabilité de la mère, et c'est louable. Mais au prix de refermer le couvercle sur sa sensibilité, son doute, son humanité. Quelque chose qu'elle voulait dire peut-être. On la renvoie à une position de guerrière qui a raison. //
Un coup de tampon, et on roule. Quitte à ce que ça ressorte plus tard, quand Sasha devra gérer ça toute seule. //
La psychiatrie, est-ce vraiment l'allié que l'on souhaite ? Voir l'inquiétant usage qui est fait du "certificat médical", pour clore toute discussion. A priori. //
En tout petit, le petit dernier, un garçon. Un rapport entre l'annonce de son sexe pendant la dernière grossesse et le déclenchement de quelque chose chez Sasha ? //
C'est là en mode subliminal, le verra qui veut le voir. //
La grande sœur ? Soutien de Sasha, rien d'autre. A-t-elle été aussi petite "princesse", comme celle que joue Sasha devant la caméra ?
Bien sûr, ça ne nous regarde pas. Mais le reste, ce qu'on voit, est-ce que ça nous regarde ? Que peut-on en faire, comme ça, hors contexte ? Bien sûr, nous ne regardons pas de télé réalité, nous. Ce n'est pas ça qu'il s'agit, hein… //
Bref, la famille comme un bloc, uni derrière la mère (on remplace "la mère" par "le père", et on est soixante ans en arrière, sans problème). Et si c'était aussi un système de relations, où des choses se jouent et se transmettent ? (sur des générations parfois). Malaise : le père cherche ses mots, un regard de la mère, il se corrige, se rectifie. //
Y a-t-il un suivi pour les différents membres de la famille, à commencer par la mère ? Quelques séances pour vérifier que côté parents on n'est pas en train de régler quelque chose par enfant interposé ? //
Ou alors on passe direct au traitement hormonal sur Sasha ? //
On ne le saura pas. //
Personnel scolaire absent. "N'ont pas souhaité". Ni paroles, ni images. Seulement ce qu'en rapporte… la mère.
Pas le beau rôle clairement. Idem pour la prof de danse. Sans qu'on les voie, ils nous sont antipathiques. //
L'équipe pédagogique n'est pas à la réunion organisée par la mère, mais connaît-on le détail, connaît-on leurs raisons ? Cible parfaite de la vindicte anonyme, à en lire des critiques. Mais nous, nous respectons les profs et savons bien qu'ils sont dans une position difficile. Pas vrai ? //
En tout cas, bon courage à ce petit bout de chou. On lui souhaite de devenir ce qu'iel doit être. Et de s'habiller comme iel veut sans que ça concerne nécessairement l'état civil et les téléspectateurs. //
Au moment du tournage, l'enfant ne pouvait prononcer le son "je", ni le son "ch".
Bien dommage quand on s'appelle "Sasha" et qu'on voudrait être soi-même. //
Nul doute que ça ira mieux maintenant.