Sébastien Lifshitz venait de nous offrir une chronique de la jeunesse tout simplement belle et juste à travers Adolescentes (2019), son documentaire sorti en salles en septembre dernier. Le voilà de retour avec un autre documentaire qui s’intéresse cette fois-ci, à un sujet qui fait de plus en plus la une de l’actualité, à savoir la « dysphorie de genre » (un terme scientifique pour désigner la transidentité).
Petite fille (2020) c’est l’histoire touchante et attendrissante de Sasha, 7ans, assignée garçon à la naissance. Née dans un corps de garçon, elle sent dès son plus jeune âge (depuis qu’elle a 3ans) que son plus grand désire est d’être une fille. Sébastien Lifshitz a suivi pendant un an le parcours du combattant de Sasha et surtout, de ses parents, face à un corps enseignant strictement fermé (avec des œillères et ne voulant rien entendre). Pourtant, Sasha vit un calvaire, celui ne pouvoir être la personne qu’elle souhaite, de ne pouvoir être reconnu comme tel, vis-à-vis de son école ou même au sein de son cours de danse (la séquence racontée par sa mère où Sasha se fait mettre à porte du cours est bouleversante).
L’hôpital (via son pédopsychiatre Anne Bargiacchi) a beau avoir reconnu Sasha comme enfant transgenre, rien à faire, le proviseur et son professeur persiste à ne rien vouloir savoir, fermant toutes les portes au moindre dialogue. Comment faire face à un tel manque de dialogue ? Face à une telle ignorance et face à des jugements ? Sasha souffre, intériorise comme elle peut, face à elle, ses parents se démènent et ne s’avouent pas vaincus pour autant, afin de faire reconnaître leur enfant en tant que tel. Qu’a fait Sasha pour mériter ça ? Elle qui n’aspire qu’à une chose, pouvoir vivre et s’épanouir comme une fille, pouvoir pleinement vivre sa vie de petite fille, sans jugement et sans intolérance.
Sébastien Lifshitz (Les Invisibles - 2012) nous offre là un magnifique documentaire, ô combien bouleversant. On sent à quel point elle est aimée et soutenu par tous les membres de sa famille, un cocon d’amour protecteur dont elle aura bien besoin car son combat est encore loin d’être fini, ça n’est que le commencement (elle va devoir rencontrer un endocrinologue, afin de surveiller les prémices de sa puberté pour en bloquer à temps les changements qui pourraient se révéler irrémédiables).
Le dernier plan du film nous dévoile une Sasha sereine, habillée d’une jupe violette avec des ailes de papillon dans le dos. Telle une image subliminale qui viendrait clore en beauté cet émouvant documentaire. On aime interpréter cela à notre façon, comme si Sasha était enfermée dans sa chrysalide et qu’elle allait enfin éclore et s’épanouir. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
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