Un documentaire magnifique et poignant : on est en admiration devant l’amour inconditionnel que portent à Sasha ses parents, ses frères et sa soeur. On est bouleversé par la souffrance exprimée de cette petite fille lors de ce premier rendez-vous avec la pédopsychiatre qui va l’aider lorsqu’elle raconte ses problèmes rencontrés à l’école et au cours de danse ou encore quand elle est en tête à tête avec sa maman et dit sa crainte de devoir changer d’école alors qu’elle y a des amis.
On est touché par la copine de Sasha (qui connait sa situation) pour laquelle seules comptent les affinités et complicités entre enfants et entre filles et c’est tout. C’est frais, réconfortant, humain.
Et si les raisons de cette situation (être fille née dans un corps de garçon ou inversement) ne sont pas connues comme l’affirme la médecin, il faut l’accepter comme tel. Sans morale, sans culpabilité, sans culpabilisation. Car Sasha se sent profondément fille ; d’ailleurs, on n’en doute pas en la voyant.
Mais comment ne pas être inquiet devant les difficultés auxquelles doit faire face et devra faire face Sasha à différents niveaux abordés dans le film, à la fois médicaux et humains (affronter le regard réprobateur, la violence des autres) ? Cela nous interpelle sur l’état de notre société, sur son acceptation de la différence et la morale qui l’imprègne.
En quoi cela devrait-il gêner quiconque que Sasha soit une fille née dans un corps de garçon (à part elle-même) ? En quoi cela lui enlève t’il ses qualités humaines, sa sensibilité, son intelligence, son droit d’exister, son rôle social ?
Nul n’a le droit de lui interdire d’être qui elle est.
On se dit que Sasha a de la chance d’avoir cet environnement familial incroyablement ouvert et bienveillant, à l’attention indéfectible. Sasha est aussi entourée de médecins prêts à l’aider à réaliser son être véritable et non à le réprimer. Mais c’est encore sans doute tellement rare…
Combien d’autres enfants et adultes se cachent, souffrent en silence d’être nés dans un corps qui ne correspond pas à leur véritable identité ?
En espérant que ce documentaire permettra à des parents de soutenir leurs enfants qui font face aux mêmes difficultés et leur ouvrira de nouvelles modalités d’être, d'acceptation. Il est riche, pudique, poétique et profondément respectueux de cette enfant si attachante, de son ressenti et de ce qu’elle revendique. Sans militantisme, sans jugement.
On ne peut que souhaiter à Sasha tout le bonheur du monde car c’est une merveilleuse petite fille pleine de joie, d’intelligence, de beauté, de sensibilité et de profondeur.
Qu’elle danse, étudie, aime, et vive tout simplement comme elle l’entend : comme nous tous en avons le droit. Et surtout qu’elle choisisse librement qui elle veut être.
Et qu’elle se serve de sa grâce et de ses jolies ailes de papillon rose pour survoler de très haut la médisance, l’obscurantisme, la méchanceté et la bêtise et qu’elle rejoigne sa rive, sa vie, celle qui la rendra heureuse.