Le réalisateur cambodgien Rithy Panh a été interné à l’âge de 11 ans, comme tous ses compatriotes, dans les camps khmers de réhabilitation par le travail. Quatre ans plus tard, en 1979, il parvient à s’échapper et arrive au camp de réfugiés de Mairut, en Thaïlande. Il a dédié la plupart de ses films à son pays d’origine, traumatisé par un génocide d’une violence extrême – 2 millions de Cambodgiens, soit un sur quatre, exterminés en quatre ans.
Rithy Panh présente sa note d’intention dans cet extrait :
« La violence extrême et totale affecte les individus au plus profond de leur être, de leur âme. Et ce poison se transmet de génération en génération.
J’ai le sentiment d’être irradié. Nous devons apprendre, raconter et aimer, encore et encore… Il faut cesser d’être un objet. Cesser d’être un rebut, un vestige. Il faut pouvoir s’affirmer. Malgré la présence étrange de la mort dans son cœur. Peut-on entendre cette histoire ? Rien n’est moins sûr.
J’ai eu l’idée d’un film sur la bombe (atomique) et l’anéantissement.
Avons-nous pris la mesure de la folie destructrice du XXème siècle ? Pas vraiment. Qu’avons-nous retenu de notre capacité à nous autodétruire ? Presque rien.
Je voulais parler des bombes comme d’un pouvoir humain de destruction massive. La violence implacable des bombardements pendant la guerre du Vietnam, la catastrophe nucléaire d’Hiroshima, la génocide cambodgien, comparable à une bombe qui fragmente l’âme. »