Le film était présenté à la Semaine Internationale de la Critique au Festival de Cannes 2021.
Les Amours d’Anaïs est le premier long-métrage de Charline Bourgeois-Tacquet, qui avait déjà dirigé Anaïs Demoustier dans son court-métrage Pauline asservie. C’est l’envie de prolonger sa collaboration avec la comédienne qui a poussé la réalisatrice à faire ce film. Elle l’a écrit en ayant l’actrice en tête.
Pour la réalisatrice, la trentaine peut être une décennie très angoissante car elle se trouve au carrefour d’une multitude de choix déterminants, encore plus pour une femme qui doit prendre en compte la question de la maternité. « J’ai beaucoup de mal avec la figure un peu héroïsée de la femme « moderne » qui s’accomplirait dans un métier valorisant, avec un compagnon idéal et des enfants formidables. Franchement, ça me paraît invraisemblable, et complètement inatteignable. » C’est en opposition avec cette image qu’elle a voulu dresser le portrait d’une jeune femme complexe, prise dans les difficultés matérielles et existentielles propres à son âge et à son temps.
L’héroïne porte le même prénom que son interprète, Anaïs Demoustier. L’idée de brouiller la frontière entre réel et fiction plaisait à Charline Bourgeois-Tacquet : « Ce personnage s’appelle Anaïs comme il aurait pu s’appeler Charline. C’est elle sans être elle, c’est moi sans être moi, mais c’est indubitablement (et entre autres) un mélange d’elle et de moi ! » Pour l’actrice, « C’était parfois déstabilisant, il m’arrivait parfois de m’étonner d’entendre mon prénom… Mais certains dialogues me parvenaient peut-être encore plus directement. Ce trouble d’identité m’a plus apporté que dérangée. »
La réalisatrice a dirigé ses comédiens en leur donnant de nombreuses indications de déplacement et de rythme. Une chorégraphie précise qui permettait de privilégier le mouvement et la fluidité. Une énergie des corps à laquelle répond l’énergie de la parole, à travers le caractère bavard de l’héroïne. Il en est de même pour le montage du long-métrage, que Charline Bourgeois-Tacquet désirait rapide, elle qui déteste s’ennuyer au cinéma. Elle a d’emblée coupé 20 minutes lors du 1er montage du film. « Je voulais que ça fonce. Ma référence absolue en la matière c’est Jean-Paul Rappeneau et notamment Le Sauvage. Il y a dans ce film une vivacité qui m’enchante. »
Bien qu’elle admire Eric Rohmer, avec qui elle partage un amour de la langue et de la littérature ainsi qu’un intérêt pour les thématiques du désir et des sentiments, la réalisatrice ne qualifie pas Les Amours d’Anaïs de film rohmérien. Elle révèle : « En vérité, les films auxquels j’ai le plus pensé, ou même que j’ai revus pendant l’écriture du scénario sont César et Rosalie de Sautet, Loulou de Pialat, Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) de Desplechin, Un château en Italie de Valeria Bruni Tedeschi et Manhattan de Woody Allen. »
Les Amours d’Anaïs s’intéresse à la lente et irrésistible attraction des corps. « Je veux parler du désir au sens large, bien sûr. De ce qui d’une manière générale nous met en mouvement, nous déplace, nous projette vers l’autre et vers le monde », explique la réalisatrice. Elle ajoute : « J’avais envie d’explorer cette force un peu magique du désir, impérieux et mystérieux, qui nous fait avancer vent debout, malgré les obstacles. »