Le film est présenté en séance de minuit au Festival de Cannes 2021.
Férus de musique depuis toujours (ils avaient même monté un groupe à l’adolescence avec celui qui est aujourd’hui leur ingénieur du son), Jean-Marie et Arnaud Larrieu se sont lancés dans ce projet de comédie musicale sous l’impulsion du producteur Kevin Chneiweiss, idée qui s’est concrétisée avec l’arrivée de Philippe Katerine, qui devait être à l’origine l’acteur principal et le compositeur du film. « Et même si au bout du compte il n’a pas pu jouer dans le film, ni en composer toutes les musiques, son oui initial nous a orientés vers ce personnage qui va à Lourdes alors qu’il ne connaît pas la ville et qui a peut-être cru voir la vierge... », affirme Jean-Marie.
Originaires de Lourdes, les frères Larrieu ont eu l’idée de raconter un miracle. Ils se sont ensuite inspiré d’une anecdote survenue à l’écrivain américain Jim Harrison, qui un jour dans un bar a été pris pour une personne disparue vingt ans plus tôt, malgré le fait que son âge ne concordait pas avec l’identité du disparu. « Nous avons imbriqué les deux récits : un homme part à la recherche d’une fille à Lourdes, qu’il prend peut-être pour la Sainte Vierge ; une fois arrivé là-bas, on le prend pour un autre et il dit oui. Plus il dit oui, plus il s’aperçoit qu’il marche dans les pas d’un type avec qui il possède des traits communs. Il épouse son destin », explique Jean-Marie Larrieu.
Tralala marque la cinquième collaboration entre Mathieu Amalric et les frères Larrieu, après La Brèche de Roland, Un homme, un vrai, Les derniers jours du monde et L'amour est un crime parfait. Arnaud Larrieu déclare à son sujet : « Mathieu porte le film avec beaucoup de générosité. Son investissement a été total, physiquement et moralement. Nous pensions à un personnage à la Boudu sauvé des eaux ou à la Charlot. On a toujours eu une image de Mathieu à la rue, se réveillant sur un trottoir dans une tente. Un vagabond. »
Les frères Larrieu n’avaient pas tourné à Lourdes, leur ville natale, depuis les courts-métrages Bernard ou les apparitions en 1992 et Madonna à Lourdes en 2001. « La comédie musicale a tout débloqué. Jacques Demy a tourné dans des lieux de province forts, Rochefort et Cherbourg. Pour nous Lourdes c’était naturel ! Aussi, nous étions prêts à revenir en assumant notre statut de cinéastes. Quand à 17 ans, on avait dit vouloir faire des films, notre hantise était d’être pris pour des mythomanes ; on a mis du temps à se sentir prêts », révèle Jean-Marie Larrieu. Tourné durant l’été 2020, le film a bénéficié de la situation sanitaire, qui avait vidé les rues de Lourdes.
Du fait des conditions sanitaires, le casting s’est déroulé à distance. Les réalisateurs ont choisi Galatéa Bellugi pour incarner « la vierge, mais en même temps nous la voulions réelle, comme une jeune fille qui sort de soirée, avec en filigrane la figure de Nadja, l’héroïne d’André Breton. Galatéa avait en elle cette possibilité de devenir l’aiguillon poétique du film. » Concernant Mélanie Thierry, Jean-Marie Larrieu développe : « notre réflexion a été fidèle à un certain esprit du cinéma de genre et « hollywoodien » : une serveuse est forcément sublime, même quand le décor autour d’elle n’a rien de particulier. Mélanie possède cette beauté évidente et c’est une actrice avec beaucoup de nuances. » Maïwenn, quant à elle, interprète un personnage d’hôtelière, bourgeoise, mélancolique. Les metteurs en scène reconnaissent que ce choix pouvait ne pas sembler évident : « Mais quand nous pensions à Maïwenn, nous savions qu’elle soufflerait dans les bronches du personnage. La fiction doit savoir résister à cette irruption du « vrai » et s’en trouver décuplée. » Enfin, Josiane Balasko a été choisie pour la familiarité et la sympathie qu’elle suscite.
Au générique de Tralala, on retrouve le chanteur français Bertrand Belin. C’est après l’avoir vu en concert, où « son "jeu de scène" s’étoffait », que les frères Larrieu ont eu l’intuition qu’il pouvait être un bon acteur en plus de chanter.
Les frères Larrieu ont décidé de faire appel à plusieurs compositeurs afin de marquer les différences entre les personnages. Renaud Létang, arrangeur-mixeur-producteur de Philippe Katerine notamment, a assumé la direction musicale du film, tandis que Katerine a composé les chansons du personnage de Tralala. Les chansons originales du personnage de Seb ont été composées par son interprète, Bertrand Belin. Dominique A a travaillé sur la chanson de Josiane Balasko, Jeanne Cherhal sur celle de Mélanie Thierry et Etienne Daho et Jean-Louis Pierrot sur celle de Maïwenn. Joseph Brisset et Balthazar Gibert du duo rap Sein interprètent eux-mêmes leurs chansons, composées par Aladin Létang. D’autres chansons existantes de Philippe Katerine (Delta, Sexy-cool, Jésus Christ mon amour, Rêve heureux), Dominique A (La splendeur), Keren Ann (Les jours heureux) et Bertrand Belin (Le mot juste) sont également reprises par les comédiens et comédiennes dans le film. Les paroles des chansons originales ont été écrites par ou co-écrites avec Arnaud et Jean-Marie Larrieu.
Tralala a été filmé durant l’été 2020. Conscients que lors des scènes de rue à Paris, tournées de manière documentaire, il y aurait des masques dans le champ, les frères Larrieu ont décidé d’intégrer la pandémie au film. Jean-Marie explique : « En montagne nous faisons toujours avec la pluie et le vent sur les plateaux de tournage. C’est une habitude que nous avons prise que de respecter la réalité qui entoure la fiction. Nous ne faisons pas un cinéma isolé du monde. Alors, on a filmé la vie telle qu’elle se présentait à ce moment-là… »
Les chansons ont été enregistrées en amont du tournage mais une fois sur le plateau, les comédiens chantaient en direct tout en écoutant la version enregistrée avec une oreillette. Au montage, les réalisateurs ont eu le choix entre le direct et le play-back, avec la possibilité de les mélanger. « La seule question qui prévalait alors, c’est celle de l’émotion et de ses nuances. Rien ne peut remplacer l’émotion provoquée par le surgissement des paroles chantées en direct et en situation par les acteurs et actrices », explique Arnaud Larrieu, soulignant la place centrale qui a été laissée au son direct.