A good man est un film au sujet assez délicat, qui méritait qu'on s'y attarde. La dysphorie de genre est une maladie qui, au fur et à mesure des études scientifiques, commence à être reconnue. Par conséquent, le mal être des personnes qui en souffrent et qui doivent mettre une partie de leur vie en pause pour choisir la transformation, est un sujet comme un autre sur des minorités qui méritent une histoire. Petite fille de Sébastien Lifshitz avait d'ailleurs bien réussi son pari. Mais A Good Man n'y arrive pas, tout simplement car toute l'histoire est molle et l'incompétence de la réalisatrice à la mettre en scène est flagrante.
Commençons par les plan et le montage, c'est du grand n'importe quoi. Chaque cut et valeur de plan se ressemblent, rien ne semble découpé au préalable, il n'y a aucune personnalité. Chaque dialogue est à l'épaule avec un nombre de bascules de points qui finissaient par être comiques tellement c'était risible, on avait plus l'impression que l'équipe n'avait simplement pas eu le temps de faire des contre champs, et choisissait donc ce système de bascule qui fonctionne bien quand il est rare et qu'il raconte quelque chose. Là, ça ne raconte rien. Les gros plans au drone pour montrer la beauté de l'endroit apparaissent à n'importe quel moment, les très gros plans des câlins au coucher de soleil et des herbes qui bougent à cause du vent derrière une musique de piano sont d'un cliché niais au possible, qui apparaissent, eux aussi, de manière complètement hasardeuse. Mais cette mauvaise mise en scène aurait pu être sauvée par l'histoire, son récit, ses personnages, mais même là, ça tombe à l'eau.
On ne parle jamais du thème principal de manière ferme, on sait qu'il est là, mais il est caché par cette volonté de surtout parler de la psychologie du couple, ce qui pouvait être complémentaire, mais prend tellement de place que la réalisatrice se sent obligé de mettre quelques scènes aux dialogues explicites et au jeu très douteux pour rappeler que, mais oui, il faudrait parler de la discrimination des transgenres. Ca donne lieu à des scènes de disputes vraiment ridicules, très mal interprétées (Vincent Dédienne complètement paumé), qui n'apportent aucune substance au récit. Car le jeu des acteurs est aussi un problème : ils ne sont pas aidés par la stupidité des dialogues, qui sont sont très lourdauds. Noémie Merlant cabotine dans les scènes plus compliquées à jouer, seule Soko reste finalement à peu près crédible bien qu'elle aussi, subisse des lignes de dialogues qu'une adolescente de 15 ans aurait écrit après sa première rupture. De plus, le film est tellement confus dans sa manière de raconter l'histoire qu'on a du mal à savoir qui sont les rôles secondaires : qui est le frère, l'ami, la mère, l'amie de la mère.. Ca relève du niveau scolaire. Les personnages sont tellement mauvais qu'ils n'apportent aucune personnalité propre, ils jouent tous de la même manière.
Il n'y a jamais d'implicite, jamais de scènes mémorables, on est comme les vagues filmées, on suit un courant sans jamais prendre position et sans jamais ressentir quoique ce soit sur nos personnages. Car le film ne raconte rien. C'est du piano, des scènes hasardeuses, un découpage catastrophique, un jeu et un scénario très moyen. La question de la transidentité n'est donc jamais le centre du long-métrage, qui est plongé dans une niaiserie nauséabonde qui n'apporte jamais aucune émotion. Il m'a juste donné envie d'aller visiter Lorient, ce qui est bien là sa seule qualité.