En résumé : esthétiquement très beau, mais avec des longueurs, parfois confus, décevant sur le fond.
Peut-être en avais-je trop attendu de la part d’Abderrahmane Sissako réalisateur du grand Timbuktu ?
La réalisation très esthétique sauve le film : les deux acteurs principaux sont aussi beaux que remarquables par leur jeu. La mise en scène est essentiellement nocturne, avec des belles images claires-obscures, dans des tons chauds jaune rouge brun. Beaux plans serrés sur les visages. Musique délicate, avec une chanson de Fatoumata Diawara en point d’orgue, qui donne sens à la destinée de liberté d’Aya et de 3 autres femmes que le scénario nous fait croiser.
Sur le fond, le film conte dans un style onirique, la quête de liberté de plusieurs femmes. A commencer bien sûr par Aya. Première scène en Côte d’Ivoire, avec cette cérémonie de mariage conclue par un « non » qui bouleverse l’assemblée. La vraisemblance laisse à désirer, c’est un conte, prenons-le comme tel… Mais ce manque de véracité se répète après le cut qui vers la cinquième minute nous amène en Chine, où l’on retrouve Aya, heureuse et parfaitement intégrée, déjà amie de Cai, parlant couramment chinois. Elle prend des cours de thé, symbole d’une intégration réussie.
Démarre alors le tableau esthétique mais brouillon d’un quartier cosmopolite de la région de Canton, « Chocolate city », où est installée la chic boutique de thé de Cai. Une réalité chinoise née dans les années 90, que le réalisateur voulait porter à l’écran depuis plus de 15 ans. On se perd parmi les personnages, que l’on voit et revoit – ou pas. Une présentation est un peu trop léchée sans doute, distillant le sentiment que « tout le monde il est gentil » (ou presque), avec des policiers débonnaires et des immigrés parfaitement intégrés dans une Chine accueillante. De là à y voir une propagande politique ? On peut s’en inquiéter même si le réalisateur réfute. Considérant que tous les peuples sont globalement accueillants, il explique avoir voulu montrer des personnages « exemplaires » auxquels s’identifier. En réalité la population africaine décline depuis que la Chine a restreint les conditions d’immigration en 2014.
La suite du scénario, plus fluide, verra ressurgir le passé de Cai, dans un style doux et élégant, mais sans passion, et avec une finale assez énigmatique.