L'ombre d'un mensonge est un drame intéressant, aux personnages bien construits, à l'intrigue dont on attend impatiemment de connaître le grand moment de révélation...alors quoi ? Qu'est-ce qui a pu obscurcir le tableau à ce point pour qu'on en ressorte avec un brin d'agacement, en sachant néanmoins qu'on a vu un bon film, vraiment solide ? Les cinq dernières minutes, rien que cela. Quand on propose une aussi jolie scène que celle "des mains" (on ne précise pas plus, étant le spoil principal du film) en traveling arrière ralenti, avec une belle morale et un climax émotionnel, on trouverait parfait de terminer le film dessus. A l'inverse, continuer avec cinq minutes de gros pathos facile, qui gâchent la morale précédente, qui n'apportent rien, nous fait grincer des dents, un peu comme le seul fil décousu du tapis, on ne voit plus que lui. L'Ombre d'un mensonge nous avait pourtant tapé dans l'oeil jusque-là, avec sa très intéressante histoire d'un mensonge à l'origine des plus beaux moments entre deux personnes, avec une interprétation tout en finesse de Michelle Fairley et Bouli Lanners (également réalisateur, une double-casquette réussie !), avec des paysages reposants de l'Ecosse rurale, avec un bon rythme et un soupçon de curiosité avant de voir la révélation du mensonge. On aurait peut-être aussi apprécié que le personnage du frère prenne plus d'ampleur dans le scénario, car il ne sert finalement pas à grand-chose, n'est pas vraiment bien exploité... Mais Bouli Lanners, qui nous avait fait beaucoup rire dans Cette chanson ne joue pour personne, nous a ici convaincu que le drame lui va aussi bien au teint. Un bon drame, qu'on aurait préféré terminer "main dans la main".