L’Ecosse super star
Bouli Lanners n’en est pas à son coup d’essai en tant que metteur en scène. On se souvient entre autres, Les Premiers, les Derniers, ou de Les géants. Mais cette fois, avec ces 100 minutes, il s’essaie au genre de la romance. Phil s’est exilé dans une petite communauté presbytérienne sur l'Île de Lewis, au nord de l'Ecosse. Une nuit, il est victime d'une attaque qui lui fait perdre la mémoire. De retour sur l’ile, il retrouve Millie, une femme de la communauté qui s'occupe de lui. Alors qu’il cherche à retrouver ses souvenirs, elle prétend qu'ils s'aimaient en secret avant son accident... Malgré les splendides paysages des Highlands, une mise en scène plus que soignée et une belle interprétation, j’avoue être resté sur ma faim. Légère déception atténuée par le talent de Monsieur Lanners.
Le projet est né d’un fantasme que notre réalisateur a depuis le début des années 2000 : faire un film en Ecosse, un pays où il se rend chaque année. Les lumières, les ambiances, les paysages, le mode vie de ses contrées reculées, tout est réuni pour inspirer nu scénariste et un cinéaste. L’île de Lewis est un personnage à part entière du film. Un endroit particulier par rapport au reste de l’Ecosse où, compte tenu de son éloignement du reste du pays, la culture gaélique demeure très forte et le tourisme est peu développé. C’est là aussi que l’Église presbytérienne est la plus austère et la plus présente. Elle rythme la vie sociale, ce qui lui donne un statut et un aspect particuliers : on a par exemple un code vestimentaire que l’on retrouve tous les dimanches, le dimanche qu’on appelle là-bas le shabbat chrétien, ce jour-là, les gens s’habillent en noir et les femmes mettent des chapeaux. On pense aux ambiances des romans des sœurs Brontë, C’est donc là le cadre très particulier pour cette romance entre deux personnages loin d’être glamour. Ce film parle de gens normaux et les gens normaux ne sont pas forcément superbes. En fin de compte, le moins qu’on puisse dire, outre sa lenteur calculée, le film n’est pas bavard et ce postulat me paraît ici poussé jusqu’à l’ennui. Et c’est bien l’écueil sur lequel se brise cette histoire tout en tristesse, sur la brièveté de l’existence, la compassion et le pardon. Vaste programme… trop vaste peut-être.
Côté casting, rien à redire. Michelle Fairley, rendue célèbre par sa participation à Game of Thrones, est remarquable de sensibilité et de retenue auprès d’un Bouli Lanners étonnant. Citons encore Andrew Still, Julian Glover, et la participation de Clovis Cornillac. Entre landes inhospitalières et rochers éternel, un film pudique, épuré à l’extrême, d’une sobriété exemplaire ; mais l’ennui qui suinte tout au long de ces 100 minutes a fini par gagner le spectateur que je suis. Dommage, j’aurais tant voulu adorer.