Portrait d’un avare
Felix Grandet règne en maître dans sa modeste maison de Saumur où sa femme et sa fille Eugénie, mènent une existence sans distraction. D’une avarice extraordinaire, il ne voit pas d’un bon œil les beaux partis qui se pressent pour demander la main de sa fille. Rien ne doit entamer la fortune colossale qu’il cache à tous. L’arrivée soudaine du neveu de Grandet, un dandy parisien orphelin et ruiné, bouleverse la vie de la jeune fille. L’amour et la générosité d’Eugénie à l’égard de son cousin va plonger le Père Grandet dans une rage sans limite. Confronté à sa fille, il sera plus que jamais prêt à tout sacrifier sur l’autel du profit, même sa propre famille... Mais est-il encore besoin de raconter le thème d’un des romans les plus célèbres de la littérature française ? Cette fois, c’est Marc Dugain qui a décidé d’adapter Balzac. 105 minutes de très haute volée. Tout est là, une image somptueuse, une reconstitution peaufinée, une interprétation absolument parfaite… et surtout, l’esprit du grand Balzac qui souffle sur ce drame de bout en bout. Un seul bémol, mais de taille, pourquoi avoir autant changer… que dis-je bouleverser la fin du roman ? Dérangeant pour les lecteurs
Marc Dugain aime les films d’époque et y excelle. Souvenons-nous simplement de l’éblouissant Echange des Princesses. Le roman paru en 1834 fait partie de La Comédie Humaine dans le premier volume des Scènes de la vie de province. Il évoque les mentalités sous la Restauration et mène également une étude de l’évolution de caractères différents au cours du temps, de l’inflexibilité du père Grandet et de la perte des illusions de sa fille. Même si cette adaptation a des relents subliminaux post #Me Too parfois étranges, c’est bien le personnage du père qui a fasciné Dugain. Un drame crépusculaire de l’avarice, de l’ennui et de la frustration. Tout est là, dans les regards, les silences, les décors et les costumes étouffants et dialogues particulièrement bien écrits. Comme l’a écrit un internaute Quoi de neuf ? Balzac, encore toujours ! Mais la réécriture a réussi à faire de ce monument littéraire une œuvre superbement cinématographique. Malgré la pesanteur du sujet, un grand bol d’air dans notre cinéma français.
La toute fraîche Joséphine Japy campe une Eugénie plus que déterminée face à l’ogre Olivier Gourmet… Quel acteur ! On ne s’en lasse pas. Les rôles secondaires sont également magnifiquement tenues par Valérie Bonneton, - qu’on sort enfin de ses rôles d’hystériques de comédie franchouillardes -, César Domboy, Nathalie Becue, Bruno Raffaeli, etc. Comme quoi, ce 7ème Art n’a pas fini de nous enthousiasmer puisque dans la même semaine on peut aimer un blockbuster comme Dune et le plus intime des cinémas, celui de Dugain servant Balzac. Merci !