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Nicolas Dalest
2 critiques
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0,5
Publiée le 16 janvier 2024
Rien à voir avec la véritable histoire de la dame blanche, la légende raconte qu'elle serait une forme blanche à côté de la route ou une autostoppeuse, film mou, déçu
"La Llorona" est très atypique, à la fois film sociétal, de siège et de fantôme. Il parle surtout du Guatemala, de l'effroyable guerre civile menée sous un régime dictatorial, du massacre génocidaire dont les indiens ont été victimes et de l'impunité dont a profité les décisionnaires. Dès le début le spectateur est placé dans une ambiance très étrange, inquiétante, et surtout dans un contexte historique qu'il ne connait sans doute pas (personnellement je ne savais rien de l'histoire encore récente et terrible du Guatemala). Le film est donc très intéressant du simple point de vue de la connaissance historique, des questions qu'il pose sur les crimes contre l'humanité, mais est quelque peu frustrant sur son aspect purement fantastique. Je l'aurais aimé plus viscéral, mais l'ensemble est suffisamment particulier et maîtrisé pour qu'il mérite d'être découvert.
Magnifique film « La Llorona » de Jayro Bustamante. On en sort en retenant sa respiration, avec l'impression de perdre un peu de son innocence mais de gagner en espoir et en combativité. Ce film onirique vous raconte l'histoire d'un peuple, les Mayas, longtemps persécuté dans un silence coupable. Avec la Llorona, Jayro Bustamante nous livre sa version du conte populaire de la Pleureuse qui venait hanter les coupable et les assassins.
Original et passionnant. Un réalisateur qui s'impose, sur fond de traumatisme ancré dans les consciences guatémaltèques. Mais le message est universel .
Si tous les personnages sont fictifs, Jayro Bustamanta évoque ici clairement l’histoire récente du Guatemala et la période de la dictature militaire des années 80 au cours de laquelle, sous couvert de lutte anti-communiste; des dizaines de milliers d’Indiens maya furent massacrés par les milices paramilitaires. Observateur avisé des fractures souterraines de son pays, qui refuse toujours de regarder le passé en face au nom de la Réconciliation nationale, Bustamante utilise à nouveau un argument fantastique pour illustrer le siège de la demeure d’un ancien général accusé de génocide, coulant une fin de vie agréable avec sa famille alors que la révolte populaire gronde à l’extérieur des murs de la propriété. Pourtant, ce ne sont pas les manifestants qui incarnent la véritable menace mais les non-dits, la culpabilité qui génère des cauchemars, la sensation pour la vieux dictateur que les doigts et les regards qui se tournent dans la direction ont la vérité et la justice avec eux, et que ces dernières pourraient bien avoir l’occasion de se matérialiser. Comme dans son précédent ‘Tremblements’ où l’homophobie ordinaire de la société guatémaltèque se traduisaient pas d’inexplicables secousses sismiques, c’est ici la figure de la Llorona, cette dame blanche qui pleure ses enfants noyés, qui referme son piège mental sur cette famille de nantis qui se refusent à admettre le sang qu’ils ont sur les mains. Certes, un argument fantastique ne fait pas un film d’épouvante, surtout s’il se refuse à user du moindre effet de manche mais cette version politico-dramatique d’une légende folklorique latino-américaine vaut largement mieux que le lamentable film d’horreur américain du même nom.
Pamphlet politique dénonciateur d’une page très sombre de l’histoire moderne du Guatemala et du génocide silencieux de dizaines de milliers de Mayas orchestré ou protégé par le Général Monteverde, c’est le procès et les tensions qui ont suivi que s’attache à décrire J.Bustamente avec un réalisme froid sous fond de fantastique. Saisissant, poignant et bien maitrisé.
Plans fixes interminables, action quasi nulle dans un huis clos stérile. Le sujet aurait pu être intéressant ( un vieux génocidaire encerclé par la foule ) mais l'ennui est permanent malgré le recours à un simili fantastique sur la fin. Dans le genre fantomatique - mais réussi - voyez plutôt Les Autres avec Nicole Kidman.
Un ancien dictateur guatémaltèque est hanté par son passé et par sa responsabilité dans le génocide indien. Un drame qui lorgne vers le fantastique et la légende locale de la Llorona, la femme qui pleure, à la mise en scène stylisée et envoûtante et au scénario intriguant mais pas totalement captivant.
La Llorona a l’intelligence de recourir au film de genre pour traiter un thème éminemment politique, soit le sentiment de culpabilité qui poursuit les membres de la famille du tyran Monteverde jusqu’à retourner l’épouse contre son propre mari suite à une immersion fantasmatique dans l’horreur des massacres de la population maya. Aussi l’entièreté du long métrage repose-t-elle sur une vaste métaphore, la pleureuse extériorisant par ses gémissements et ses apparitions la lutte menée avec une conscience que ravivent les procès et les manifestations. La puissance traumatique du huis clos, qui succède aux témoignages des victimes, change la propriété en une maison hantée dans laquelle souffrent non pas l’enfant – au contraire, il est sensibilisé aux atrocités commises par sa famille – mais les grands-parents, incapables de protéger fille et petite-fille. Jayro Bustamante met en scène des solitudes que l’on force à cohabiter et qui se raccordent à la communauté par la purgation de leurs maux : il réalise une œuvre de vengeance dans laquelle la violence seule peut conduire le pêcheur à s’autodétruire, à mesure qu’il perçoit la foule déchaînée comme le miroir de sa propre monstruosité. La masse extérieure rythme de ses cris et de ses chants ce qui s’apparente à une malédiction, incarnée à l’intérieur de la maison par le sort jeté à Monteverde sous et derrière son lit ; elle finit pourtant par devenir muette, véritable chœur antique qui terrifie la famille et accélère le processus de destruction. La Llorona constitue certainement la plus belle réussite du cinéma de genre pour l’année 2020 : le fantastique sert le politique pour donner vie à un long métrage tout à la fois historique et fictif, regard critique porté sur la société guatémaltèque dans la continuité de Nuestras Madres (Cesar Diaz, 2019).
Le réalisateur Jayro Bustamante emprunte (ou détourne ?) les codes du film de genre horrifique dans ce film captivant pour aborder un sujet douloureux de l’Histoire récente du Guatemala. Et il appuie là où ça fait mal. En effet, comme beaucoup de pays d’Amérique latine il y a une quarantaine d’années, le Guatemala a connu une dictature sanglante. Encore aujourd’hui, il y a un tabou sur le génocide des Mayas qui a été perpétré par l’armée sous prétexte de lutter contre le communisme. Bustamante se place du côté des anciens oppresseurs et développe métaphoriquement la notion de culpabilité – à moins que les esprits des victimes ne hantent vraiment la maison du Général (pathétique et libidineux à souhait), car le film est emprunt de réalisme magique. Inutile de déflorer plus l’intrigue, car il y a aussi beaucoup à dire sur la mise en scène. La photographie et la lumière sont extrêmement composées, les lents travellings et les cadres dans le cadre participant à l’ambiance anxiogène de ce huis-clos. On peut voir beaucoup de symbolisme : dans l’eau, qui est omniprésente, rappel des larmes de la Llorona – la Pleureuse légendaire qui devient ici une figure de Justicière – mais aussi du sort des victimes du génocide, noyées par les soldats. On peut voir aussi dans les personnages féminins de la famille le symbole de la société guatémaltèque : la grand-mère, représentant le passé, qui se voile la face ; la fille, représentant le présent, qui veut savoir la vérité ; la petite-fille, l’avenir pour qui tout est possible. Le film mène ses personnages (tous excellemment interprétés) aux confins de la folie et donne des réponses à certains mystères, mais n’abat pas complètement son jeu sur la table à la fin : on ne saura jamais tout ce que pensent les personnages et le climax se résout de façon assez elliptique. La Llorona est un mélange des genres très réussi, plus à mon sens que la Palme d’Or 2019, Parasite, qui mêlait comédie satirique et thriller mais dans lequel la critique sociale était somme toute assez convenue. Ajoutons enfin que le réalisateur a subi des pression pendant le tournage, qui a dû se dérouler au sein de l’ambassade de France du Guatemala. C’est dire si le sujet dérange… et c’est une raison de plus de voir cette petite pépite (primée à Berlin) !
Voici un film guatémaltèque tourné quasiment en huis clos dans la résidence d'un ancien Général acquitté pour un génocide présumé. J'avais adoré "Tremblements" du même réalisateur, Jayro Bustamante Ici cet enfermement rythmé par le bruit des manifestants est dans un premier temps anxiogène pour finir par être agaçant. Même si le sujet est intéressant en dénonçant les exactions commises par les militaires du pays envers les habitants mayas, j'ai trouvé qu'il y avait une forme d'intellectualisation permanente dans ce film d'horreur assez déplaisante.
Ce film est fort. Il tarde un peu à se lancer, c’est vrai qu’il y a quelques longueurs et des silences mais les personnages font passer beaucoup d’informations dans les regards. Ce général génocidaire réussit à rendre sa famille et ses domestiques sous son emprise, quoique… L’arrivée de l’énigmatique llorona vient troubler l’impunité de la justice humaine. Elle est magnifique avec ses grands yeux et ses longs cheveux et le dénouement n’est pas du tout celui auquel on s’attend. La chanson sur le générique final est tout simplement extraordinaire et je l’ai encore dans la tête.
Dans les années quatre-vingt, un coup d’état au Guatemala entraîne le génocide du peuple Maya. Son responsable, le dictateur Rios Montt est maintenant prisonnier du peuple qui manifeste devant son domicile où il s’est réfugié après la condamnation du tribunal qui l’a tout autant acquitté. Un non-sens patiemment filmé par Jayro Bustamante qui en écrivant le scénario a sciemment retenu l’option du bourreau au centre des débats, avec tout autour sa famille qui découvre plus ou moins ses exactions. Les rapports inexistants mais persistants entre la colère extérieure et la quiétude du foyer forgent ce huis-clos extraordinaire dans ce qu’il a de fantastique ( la légende emprunte les ressorts du scénario ) et de profondément engagé. Voire révoltant. La grande force de ce film est de composer un drame intime qui devient celui de tout un pays. Unir l’Histoire à la raison des êtres. Qu’il s’agisse de légende, de conte ou de vérité hypnotique, Jayro Bustamante creuse patiemment les fondations de son pays dans une terre si fertile à son cinéma. Du grand cinéma. Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
La lenteur des premiers plans du film n'est qu'un magnifique artifice pour nous plonger dans la noirceur des actes du général Monteverde et des fantômes du passé venant troubler la quiétude de cette famille de dignitaires.
Des acteurs impeccables, une photographie parfaite, de la musique adaptée, tout est réuni pour faire de ce film une œuvre majeure du cinéma latino-américain.
Je crois que c'est la première fois que je quitte le cinéma en ayant vu le film jusqu'à la dernier seconde du générique de fin.
La sortie en salle de La Llorona de Jayro Bustamante précède de quelques semaines celle d’un autre film guatémaltèque : Nuestras madres de Cesar Diaz. Outre leur nationalité, ces deux longs métrages partagent un même sujet mais traité sur un angle de vue diamétralement opposé. Là où Bustamante adopte le point de vue d’un général de l’armée et de sa famille, Diaz opte pour une perception à travers l’autre belligérant, la population indigène des mayas. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com/2020/03/05/la-llorona/