De Palma est connu. Pour Scarface, œuvre culte qui du point de vue des fans est du même acabit que The Thing : échec en salle, succès en vidéo sur le long terme. Il l'est surtout pour ses thrillers obsessionnels, dont la thématiques récurrente est le voyeurisme. Et enfin c'est le réalisateur de Phantom of the Paradise, un OVNI unique dans toute l'histoire du cinéma. Seulement voilà, il y a les inconditionnels du monsieur et les autres. Les Incorruptibles est mon premier De Palma, et franchement il ne valait mieux pas commencer par celui-là pour apprécier ce réalisateur. Il y a sérieusement de quoi bifurquer vers la moquerie insatiable des-dits fans. Le film débute bien, pourtant. Musique d'ambiance festive d'Ennio Morricone, bons acteurs qui défilent sous nos yeux, photographie luxueuse et sens du plan cinéma très affirmé. Mais petit à petit, on sent que la personnalité de De Palma fait surface, d'abord au travers de quelques idées rigolotes, comme le cliché du chef de brigade tenant un parapluie vert, puis jusqu’à l'exagération outrancière qui sombre dans le ridicule. C'est d'autant plus dommage qu'il y avait du bon, à la base : une ambition démesuré (De Palma veut en remontrer à tout le monde : Leone, Howard Hanks...), une mise en scène joliment impressionnante (avec quelques morceaux de bravoure savoureux : la charge des cavaliers du poste frontière), au milieu des stéréotypes, des personnages intriguant comme le policier joué par Sean Connery (qui vole de loin la vedette à tout les autres)...mais trop de défauts les enterrent à six pieds sous terre. D'abord le thème de l'alcool, traité sans nuance ni maturité aucune : l'alcool c'est le maaaal !!!!! Bref. Ensuite, on en vient aux choses vraiment pitoyables : De Niro en méchant caricatural se vautre dans le cabotinage stupide, je ne l'ai jamais vu aussi mauvais, même dans sa discutable performance de The King of Comedy de Martin Scorsese ! Puis des scènes d'action qui se donnent en surenchère dans le ridicule absolu, celle qui remporte la palme est de loin la capture du notaire à son arrivée en gare, avec des ralentis qui plombent encore plus la niaiserie de la situation ! Y a de quoi se pisser dessus tellement c'est drôle. Ah, puis n'oublions pas de citer la mort du grand méchant bras droit d'Al Capone, tout droit sortie d'un téléfilm calamiteux tiré qui tente d'imiter Flash Gordon !! Bon, un peu d'objectivité, il y a un attribut personnel dans la réalisation que j'ai trouvé intéressant : De Palma se régale de balader sa caméra en plongée, contre plongée, en plans longs qui durent une éternité, en travellings...c'est parfois bien inutile, mais ô combien divertissant. Peut être exploite t-il cette qualité intelligemment dans ses thriller angoissant ? Concluons avec quelque chose qui m'a complètement abasourdi quand je l'ai appris : ce film à été 4 fois nominé aux oscars !!! 4 fois !! Et pas pour n'importe quels prix ! Entre considérer les Incorruptibles une bienheureuse distraction plutôt...heu atypique va-t-on dire, et le mettre en lice pour les oscars, il y a tout un monde ! Quant à l'estimer comme un des meilleurs films de De Palma...heu j'ai déjà envie d'arrêter mon exploration de sa filmographie, ou alors je continue pour bien me marrer...