Un fils démarre sur une scène qui montre la complicité entre Fares (Sami Bouajila) et son fils Aziz (Youssef Khemiri) : elle ne dévoile rien de la suite, mais expose leur relation fusionnelle. Mehdi M. Barsaoui a voulu commencer son film de cette manière pour montrer à quel point le lien unissant le père et le fils est fort. "L’idée de l’enfant qui tient le volant était aussi symbolique. Il tient les rênes et c’est lui qui va nous plonger dans le passé de la famille", précise-t-il.
Le film se déroule en 2011, une année qui a été charnière sur les plans politique et social en Tunisie, et plus précisément en août et en septembre, sept mois après la révolution. En optant pour ce cadre spatio-temporel, Mehdi M. Barsaoui a pu ajouter un contexte social et historique à l’histoire d'Un fils. Le réalisateur explique :
"Au départ, je n’avais pas la prétention de vouloir parler de la révolution : je n’en avais ni les connaissances nécessaires ni les moyens. Je ne suis ni historien ni politologue. Ce qui m’intéressait, c’étaient les répercussions que la vie politique pouvait avoir sur une famille d’allure classique. Et c’est la raison pour laquelle cette histoire se déroule quelques mois après la chute de Ben Ali, et quelques semaines avant celle de Khadafi, exécuté en octobre. De grands changements ont eu lieu dans cette partie du monde et je voulais que mes personnages évoluent à cette période précise. Et à la fois, je ne voulais pas trop pousser cet aspect-là."
Après le divorce de ses parents survenu lorsqu'il était très jeune, Mehdi M. Barsaoui s'est beaucoup interrogé sur la question de la filiation et des liens du sang… D'où la volonté de faire un drame centré sur ces questions. Il confie : "Et quand j’ai grandi, j’ai commencé à réfléchir à ces liens du sang qui lient les membres d’une famille. Comment définit-on un parent ? En quoi consiste la parentalité ? Est-ce que la reproduction génétique fait de nous un parent ? Ces questions ont pu être à l’origine de ce scénario."
Né en 1984, Mehdi M. Barsaoui a grandi en Tunisie. Il est diplômé de l’Institut Supérieur des Arts Multimédia de Tunis et de la DAMS à Bologne pour la réalisation de films. Il a réalisé trois courts métrages. Le plus récent des trois, On est bien comme ça, a remporté le Muhr d’or du Meilleur film à Dubaï en 2016. Sa carrière internationale débute avec Un fils, son premier long métrage, sélectionné au 76e Festival international de Venise dans la section Orizzonti lors duquel Sami Bouajila remporte le prix du meilleur acteur.
Mehdi M. Barsaoui a opté pour une mise en scène très sobre. Le metteur en scène a cherché à refléter la réalité en évitant d'avoir recours à des artifices. C'est pour cette raison qu'il n'y a pas, dans le film, des plans réalisés avec des grues et autres mouvements de balayage de caméra. Il ajoute :
"Je voulais une caméra à l’épaule qui soit au plus près des personnages, qui court avec eux et fasse ressentir leur douleur. Rester focalisé et centré sur ces personnages, c’est un choix que j’ai fait dès le départ. Même pour les paysages, je n’ai pas chercher à les embellir. Le désert comme la douleur devaient être montrés comme tels. La force des personnages se suffisait à elle-même ; si nous avions trop chargé la mise en scène, il y aurait eu trop de pathos, ce que je voulais éviter à tout prix."