Né en 1964 à Matsumoto, dans la préfecture de Nagano, c’est après avoir vu Star Wars et Rencontres du 3ème type que Takashi Yamazaki trouve sa vocation dans la supervision des effets spéciaux. En 1986, il rejoint le studio Shirogumi où il travaille pour le cinéma et la publicité. Il s’occupe notamment des effets spéciaux numériques de plusieurs films de Jûzô Itami (Daibyonin, Shizukana Seikatsu). Il fait ses débuts comme réalisateur en 2000 avec Juvenile. En 2005, son film Always Sanchome No Yuhi ne reçoit pas moins de 12 récompenses aux Japanese Academy Awards, dont celle du meilleur film et meilleur réalisateur, lui assurant désormais une solide réputation. Les suites Always Sanchome No Yuhi 2 et Always Sanchome No Yuhi ’64 remportent aussi un grand succès. Dès lors, Takashi Yamazaki met en scène aussi bien des films en prises de vues réelles à gros budgets tels que Space Battleship Yamato, Kamikaze, le dernier assaut ou Kiseiju (2014-2015) que des longs métrages d’animation en 3D comme Stand By Me Doraemon ou Dragon Quest : Your Story. En 2017 il est désigné comme directeur créatif exécutif de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Tokyo 2020.
Un jour qu'il se rendait en famille à Yokohama, le réalisateur Takashi Yamazaki est tombé pour la toute première fois sur des images de Lupin. "J’ai été littéralement frappé par l’animation très « adulte » de la série, et je me suis dit qu’il n’y avait qu’à la ville, ici Yokohama, qu’on pouvait voir des trucs comme ça ! L’image de Lupin et de cette grande métropole n’ont fait plus qu’un en moi, et ces deux éléments sont très longtemps restés associés l’un à l’autre. Je me souviens aussi de la bande-annonce complètement extravagante du premier film de Lupin, Le Secret de Mamo. Lupin déboulait enfin sur grand écran ! Dès que le film est sorti, je me suis empressé d’aller le voir au cinéma. Par la suite, c’est surtout les travaux de Hayao Miyazaki sur cette licence qui m’ont marqué : le film Le Château de Cagliostro, ainsi que les deux épisodes de la seconde série télévisée Albatros les ailes de la mort et Adieu Lupin bien-aimé."
Kazuhiko Katō alias Monkey Punch est un Mangaka né en 1937 à Hamanaka dans la préfecture d’Hokkaido. Après le lycée, il fait ses débuts en 1965 avec la publication de Playboy Nyûmon dans le magazine Manga Story. En 1966, il prend le pseudonyme de Monkey Punch. En 1967, il débute la publication de Lupin III dans le premier numéro du magazine Manga Action. Dès le premier chapitre, il a l’honneur de voir son titre apparaître en couverture du magazine. Sa touche innovatrice rappelant les comics américains, ainsi que le côté mauvais garçon de son héros, conquièrent immédiatement la jeunesse de l’époque. Dans la foulée, une série animée pour la télévision voit le jour, puis plusieurs longs métrages destinés au cinéma. Jusqu’à aujourd’hui, l’intérêt populaire pour Lupin n’a jamais faibli. En 2003, Monkey Punch crée la Digital Manga Association dont il est le premier président. Par la suite, il travaille aussi comme professeur à l’université Otemae et à l’Université des Technologies de Tokyo dans le but de former la nouvelle génération. L'artiste nous quitte le 11 avril 2019, à l’âge de 81 ans.
C’est au cinéma que Lupin III arrive pour la première fois en France avec la sortie du film Le Secret de Mamo en 1981, dans une certaine indifférence. La seconde série TV a toutefois connu les honneurs d’une diffusion à la télévision sur France 3 (FR3 à l’époque) à partir de 1985. Elle est alors rebaptisée Edgar, détective cambrioleur, le nom Lupin ne pouvant être utilisé à ce moment-là en dehors du Japon. Elle rencontre un certain succès, mais seul un tiers des épisodes est doublé. Le film Le Château de Cagliostro est également sorti en vidéo dans une version tronquée dès le début des années 1980 sous le titre Vidocq contre Cagliostro. Il faut attendre la fin des années 1990 pour que quelques-uns des nombreux téléfilms soient enfin édités en DVD, avant l’arrivée de la première série TV en 2005 (sous le nom Edgar de la cambriole) ainsi que la réédition de la seconde série et de plusieurs films et téléfilms. En 2019, Le Château de Cagliostro arrive pour la première fois au cinéma, suivi quelques mois plus tard d’une ressortie du Secret de Mamo dans des versions remasterisées. Lupin III The First est le premier film à être diffusé en France en salles sans avoir à attendre plusieurs années après son exploitation au Japon.
Suivant les séries ou les films, la couleur de la veste que porte Lupin change. Ce n’est pas juste un effet de style : chaque couleur marque un certain traitement narratif et artistique des personnages. Ainsi, la veste verte indique la première adaptation avec l’empreinte du duo Miyazaki / Takahata. La veste rouge est celle de la seconde série, qui a permis à Lupin III de rencontrer le succès et la plus utilisée, aujourd’hui encore, à travers les téléfilms annuels, jusqu’au long métrage Lupin III The First. Il existe aussi une veste rose, vue dans la série de 1984 et le film L’Or de Babylone. Le style est plus cartoon et c’est la moins courante et probablement la plus datée. Enfin, depuis les années 2010, Lupin porte une veste bleue, marque de ses aventures les plus récentes en Europe.
Ce film de Lupin III en animation 3D était attendu depuis fort longtemps par Monkey Punch, membre fondateur et premier président de l’association du manga numérique. Dans une interview réalisée à l’occasion de la sortie de Lupin III VS Détective Conan (2013), il avait dit, en blaguant à moitié : "le prochain film, je veux le voir en 3D". C’est dans l’objectif de réaliser son rêve que ce projet fut lancé à l’été 2015. Cette initiative revient à TMS Entertainment, entreprise spécialisée dans la réalisation et la vente de films et séries d’animation, et à Marza Animation Planet, spécialisée dans la réalisation et la vente de création animée en 3D. L’idée était "d’offrir au public un Lupin qui puisse enchanter petits et grands du Japon, mais aussi du monde entier. Alors que nous étions en train de développer quatre intrigues en parallèles et que nous entrevoyions enfin la direction à prendre, nous avons approché monsieur Takashi Yamazaki, réalisateur de plusieurs grands divertissements, pour lui demander s’il voulait prendre part au projet. En tant que fan inconditionnel de Lupin III, et malgré son affiliation au studio Shirogumi, producteur d’effets visuels (VFX), de films d’animation et de prises de vues réelles, il a accepté de nous rejoindre et s’est attelé à l’écriture du scénario."
La production de Lupin III a débuté à l’automne 2015. Le réalisateur Takashi Yamazaki a passé un an à parfaire une douzaine de versions du scénario. Sur cette base, il met au point ce qu’on appelle un « e-konte », une première version du storyboard avec des vignettes mises bout à bout. Puis, il est étoffé jusqu’à obtenir un « story reel » (vignettes du storyboard reliées les unes aux autres de façon à avoir une première série d’images en mouvement) de 90 minutes environ. Processus tout à fait ordinaire dans le monde de l’animation américain, c’est la première fois qu’il est utilisé sur un long métrage japonais. Il est alors montré aux personnes travaillant sur le projet, ainsi qu’à un public test, dans le but de requérir avis et critiques pour ensuite l’améliorer. Le premier story reel a ainsi vu le jour au mois de juin 2017.
Dans un film comme Lupin III, les voix des personnages jouent un rôle primordial. Il fallait donc mobiliser les comédiens de doublage très en amont. Le pré-enregistrement fut donc organisé en mai 2017, soit un mois avant la finalisation du story reel. D’habitude, les comédiens ajustent leur voix sur les lèvres en mouvement des personnages qui défilent à l’écran, mais cette fois, et pour la première fois dans l’histoire de Lupin III, ils ont pu interpréter leur rôle sans se soucier de l’image, car cette dernière a ensuite été réalisée en accord avec leurs voix. Si certains ont d’abord été perturbés par cette façon de faire, Kanichi Kurita (Lupin III) a vite pris le pli, allant jusqu’à improviser des blagues dont certaines furent intégrées au film.
En septembre 2015, dès le démarrage du projet, le design des personnages principaux a été lancé en parallèle de l’écriture du scénario. Tout comme les expressions des personnages de Lupin III varient selon les films ou les séries télévisés, nous avons ici aussi essayé de leur donner une direction qui soit propre à ce film. Pour commencer, nous avons demandé à plusieurs character designer et « concept artist » de préparer une trentaine de modèles en 2D des personnages de Lupin III. Trois modèles ont été sélectionnés puis améliorés pour parvenir au design définitif. Une fois le design de Lupin décidé, le travail a été beaucoup plus facile pour celui de Daisuke Jigen, Goemon Ishikawa et l’inspecteur Zenigata. En revanche, l’équipe a rencontré des difficultés avec le personnage de Fujiko Mine. Fujiko a des styles différents : dans les téléfilms elle est plutôt sexy avec des yeux en amande et dans la série TV mignonne avec des yeux ronds. Les avis au sein de l’équipe étaient divisés. Fallait-il choisir l’un des deux ? Ou bien accroître son côté glamour ? Au terme de débats très animés, le studio est parvenu au design actuel.
Le journal de Bresson, élément central du film, a été conçu d’après l’image d’une « horloge suisse mécanique de luxe » que s’en faisait le réalisateur. Les écritures akkadiennes que déchiffre Laëtitia ont été établies sous la surveillance d’un spécialiste, ce qui rend indéniablement plus convaincantes ces scènes. Qu’il s’agisse des personnages, des décors ou bien des accessoires, la mise en 3D a débuté une fois le design de tous ces éléments fixés dans les grandes lignes. L’équipe du layout (mise en place des plans) détermine ensuite le travail de caméra et de mise en scène dans un environnement digital. Puis les personnages, les décors et les accessoires sont transformés en éléments numériques de façon à pouvoir procéder au travail d'animation en tant que tel.
La travail d'animation permettant d'insuffler la vie à chaque personnage a débuté en novembre 2017. La motion capture consistant à filmer de vrais humains pour ensuite appliquer ces données aux personnages 3D est généralement la plus efficace et la plus utilisée mais les studio a jugé que cette technique ne permettrait pas d’exprimer comme il se doit la richesse des mouvements et expressions de Lupin. C’est la raison pour laquelle l'équipe a choisi de privilégier, quitte à ce que cela demande plus de temps, un travail d’animation manuel calqué sur la voix et le jeu des comédiens de doublage. Cependant, comme des changements subtils peuvent se produire selon l’animateur en charge de telle ou telle scène, il a parfois été difficile de garder une certaine cohérence. Plutôt que de mobiliser une grande équipe afin de tout terminer d’un seul coup, la production a préféré procéder étape par étape en travaillant à chaque fois avec la crème des professionnels.
C’est une équipe de plus de 20 personnes originaires de 17 pays différents qui a été composée pour le projet Lupin III. Les différences de langue, mais aussi celles de culture, ont permis d’enrichir la communication et par là d’apporter de la richesse au projet dans son ensemble. Au cours du travail d’animation, un soin tout particulier a été apporté aux mouvements des cheveux, des vêtements, ainsi qu’à la lumière, de façon à exprimer du mieux qui soit tout ce qui fait que Lupin est Lupin. Pour ce qui est de la physionomie des personnages et des scènes de foule (comme quand l’inspecteur Zenigata et tous ses hommes se massent autour de Lupin), le studio a veillé à respecter la tradition du dessin animé. L'équipe a donc parcouru avec attention les différents documents qu’il y avait chez TMS Entertainment. De plus, la production a eu la chance de pouvoir obtenir la collaboration d’animateurs légendaires travaillant sur Lupin depuis les débuts de la série. Ces derniers se sont notamment chargés de la scène où Lupin fuit par le toit du musée, de celle où se forme un écran de fumée, ainsi que des effets produits par l’Éclipse.
Yuji Ono, qui a déjà composé la musique de presque tous les Lupin, s’est aussi chargé de celle de ce film. Si le jazz a toujours été très fortement associé à l’image de Lupin, pour cet épisode le compositeur a eu recours à un orchestre, afin de donner un nouveau souffle à cette musique emblématique.
L’histoire de ce long métrage prend principalement place en France dans les années 1960. De façon à obtenir une reconstitution historique des plus fidèles, l’équipe a fait l’acquisition de nombreux recueils photographiques et a mené des recherches minutieuses. Prenons l’exemple de la poursuite en voitures qui a lieu sur une autoroute au début du film. Le studio a tenté de recréer l’ambiance de cette époque en dessinant des routes sans ligne blanche au milieu. De plus, l'équipe a pu bénéficier des précieux conseils des animateurs français présents au sein de l’équipe.