Old est tiré du roman graphique Château de sable de l’écrivain français Pierre-Oscar Lévy et de l’illustrateur Frederik Peeters. Ce sont les trois filles de M. Night Shyamalan qui lui ont fait découvrir cet ouvrage après lui en avoir offert un exemplaire pour la fête des pères. Le producteur exécutif Steven Schneider salue le travail d’adaptation de Shyamalan : « Le roman graphique est, pour l’essentiel, une parabole existentielle qui ne déroule pas vraiment de récit structuré. Night a réussi à se l’approprier totalement : chaque personnage a sa trajectoire, et l’histoire, singulière et profonde, aborde des thèmes qui parlent à chacun d’entre nous. Surtout à l’époque actuelle. Night a su saisir ce qu’il y a de fantastique, de terrifiant, d’étrange et de surréaliste dans l’existence ».
Malgré le postulat terrifiant sur lequel repose Old, le réalisateur ne considère pas qu’il s’agit d’un film d’horreur : « Je ne fais pas de films d’horreur. Ce n’est pas du tout comme cela que je qualifierais mon cinéma. Dans le cinéma d’horreur, on a presque le sentiment que la mort est un aboutissement. Quand j’écris, j’essaie d’imaginer les pires événements, et puis je me demande si j’y survivrais, en tant qu’être humain, sur le plan affectif. Et si j’y arrivais, est-ce que cette expérience me rendrait plus fort ? »
Pour la première fois, M. Night Shyamalan tourne en dehors des États-Unis, et notamment de Philadelphie, sa ville d’adoption, où il a situé ses précédents films et sa série, Servant. Old a en effet été tourné en République dominicaine. Shyamalan et ses collaborateurs ont sillonné trois sites différents début 2020 avant de se décider pour la plage de Playa El Valle comme principal lieu de tournage. Cependant, tourner sur une île posait des problèmes d’ordre logistique. « On a dû acheminer le matériel, l’équipe et les ressources dont on avait besoin pour tourner le film. Il faut bien voir que la République dominicaine est une île au milieu de l’océan et qu’acheminer tout ce matériel et ces gens n’était pas une mince affaire », explique le producteur Marc Bienstock.
Pour ajouter de la densité et de l’authenticité à son intrigue, M. Night Shyamalan tenait à engager des acteurs du monde entier, d’origines et de nationalités différentes. Une manière également pour lui de parler de ses origines et du fait qu’il est un immigré, un sujet qu’il n’avait jusque-là jamais abordé : « C’est un élément de mon parcours que j’ai toujours passé sous silence. Je fais des films aux États-Unis, je suis né à Pondichéry, en Inde, et j’ai eu la chance de raconter des histoires qui s’adressent à tout le monde en travaillant à Hollywood. Je trouve cela magnifique d’avoir réuni des comédiens qui ont un accent – mexicain, allemand, britannique… »
Le tournage s’est déroulé en 2020, au moment où de nombreux pays dans le monde étaient en confinement en raison de la pandémie de Covid-19. Une situation contraignante, d’autant que la production devait prendre toutes les précautions nécessaires pour garantir la sécurité et la bonne santé des comédiens et des techniciens. M. Night Shyamalan a su prendre tout cela avec philosophie : « Je pense sincèrement que travailler sous contraintes permet de se recentrer sur soi. Si on dispose de plusieurs millions de dollars supplémentaires pour raconter son histoire, on n’obtient pas un meilleur film pour autant. »
Pressé par le temps, le réalisateur ne pouvait pas se permettre de perdre une journée de tournage. Méticuleux, il a, à l’instar de ses précédents longs-métrages, préparé un story-board en amont du tournage, qu’il a suivi quasiment à la lettre une fois sur le plateau. « J’avais une idée de l’esthétique du film, et je voulais tourner de manière très découpée. Depuis que je suis gamin, et que j’ai vu Ran et Rashomon de Kurosawa, j’avais envie de tourner en extérieur avec des mouvements d’appareil précis et des cadrages très composés. On filmait sur une vaste plage et il a donc fallu qu’on découpe le plan avec nos angles de prises de vue ».
M. Night Shyamalan a travaillé avec l’une de ses filles, Ishana, qui a été réalisatrice 2ème équipe sur Old. Elle avait auparavant écrit et réalisé plusieurs épisodes de la série Servant. Il se souvient : « C’est amusant, car le film parle de parents qui voient leurs enfants grandir à une vitesse affolante, et c’est exactement ce que je voulais qu’on ressente. Dans la vie, mes enfants sont tous devenus adultes et ce sont de formidables artistes. Partir loin de chez moi pour faire un film était terrifiant, mais avoir Ishana à mes côtés m’a rassuré ». Une autre de ses filles, Saleka, est une pianiste classique devenue artiste de R&B. Elle a écrit une chanson pour le film d’abord interprétée par Alexa Swinton, puis par Thomasin McKenzie.
Le chef décorateur Naaman Marshall a dû relever le défi de transformer la somptueuse plage en piège. Pour cela, il a créé l’énorme paroi rocheuse qui occupe un bout de la plage en se servant d’un mur qui existe sur la plage d’El Valle, comme point de départ. Après avoir photographié et mesuré ce site en République dominicaine, Marshall est retourné à San Luis Obispo, en Californie, où il a élaboré une maquette du mur pour travailler sur le décor en studio. « Mon travail consistait à fondre [le mur] à notre décor avec du plâtre, des échafaudages, de la mousse, de la peinture et du sable. On a complété l’ensemble avec un lagon derrière nous et un mince filet d’eau passant sous le mur ». Il a été contraint de tout refaire lorsqu’un ouragan s’est abattu sur le lieu de tournage, détruisant presque 45 mètres de décor. Lorsque le mur a enfin été achevé, il se dressait à environ 10 mètres de haut et sur 275 mètres de long. Plus tard, pendant la postproduction, l’équipe des effets visuels a encore agrandi le mur.
La chef-maquilleuse Cristina Waltz et son équipe ont fait un usage modéré du maquillage et des prothèses. « Quand un acteur est vieilli avec un recours excessif au maquillage, tout ce que je vois, c’est l’acteur qui se cache en-dessous. Je voulais que ce soit vraiment réaliste, si subtil qu’il faut vraiment être très attentif pour se rendre compte que les comédiens ont des rides. Dans Old, tous les acteurs portaient des prothèses. Même si c’était à peine visible, ils commençaient à vieillir. C’était très discret et réaliste », explique M. Night Shyamalan.
Le kimono que porte Chrystal quand elle commence à vieillir s’inspire d’une tenue aperçue dans un film d’horreur japonais de 1968, Yabu No Naka No Kuroneko (aussi connu sous le titre de Kuroneko ou The Black Cat). La chef-costumière Caroline Duncan précise : « Dans le film, il y a un personnage qui est un fantôme. Elle met un kimono et un voile. C’est une sorcière et il y avait quelque chose dans cette iconographie à laquelle Night a vraiment été sensible pour Chrystal au moment où elle vieillit ».
Pour la bande-originale du film, le compositeur Trevor Gureckis a notamment utilisé un instrument inhabituel, le Marvin, principalement constitué de métal et que Gureckis jouait avec des archets ou qu’il martelait pour rendre des sons uniques : « C’est l’instrument le plus fou de tous les temps. Il peut être très mélodieux mais il est aussi capable de rendre des sons terrifiants et stridents ».
La bande-originale a été enregistrée à Budapest, au cours de trois sessions en mai et juin. Le compositeur Trevor Gureckis y a assisté depuis New York, à la fois en raison de l’épidémie de Covid et du fait qu’il venait d’être père : « Tout s’est déroulé à distance mais on a pu donner notre avis grâce à un de leurs logiciels. Les chefs d’orchestre parlaient anglais et hongrois. Ils traduisaient nos commentaires et voilà ! L’orchestre était épatant ».