Wonderland, le royaume sans pluie : les secrets du tournage

Keiichi Hara est né en 1959. Il a commencé sur des séries télévisuelles familiales populaires, telles que Doraemon et plus spécialement Crayon Shin-chan, pour laquelle il a été réalisateur de 1996 à 2004. Il a également écrit dix films de Crayon Shin-chan, et en a mis en scène six. Keiichi Hara s’est ensuite tourné vers le cinéma indépendant pour se consacrer à des projets plus personnels. L'artiste obtient une reconnaissance internationale avec le prix de l’Académie japonaise pour Un été avec Coo (2007) et surtout avec Colorful (2010), récompensé du prix spécial du jury et du prix du public au Festival International du film d’animation d’Annecy en 2011. Chacun de ces films a été diffusé au cinéma en France et dans d’autres pays. Keiichi Hara admire les réalisateurs de films classiques japonais tels que Yasujiro Ozu et Keisuke Kinoshita. Son dernier film, Miss Hokusai, a reçu de nombreuses récompenses dont un Annie Awards et le prix du jury au festival international d’animation d’Annecy.

Wonderland, le Royaume sans Pluie est l’adaptation cinématographique d’un roman jeunesse écrit par Sachiko Kashiwaba en 1988 et intitulé Chikashitsu kara no fushigi na tabi, que l’on peut traduire littéralement par L’Étrange Voyage depuis la cave. Sachiko Kashiwaba est connue pour ses romans et ses contes à destination des enfants. Son roman Le mystérieux village voilé dans la brume a d’ailleurs inspiré Le Voyage de Chihiro réalisé par Hayao Miyazaki en 2001. Ses ouvrages n’ont pour l’instant pas été traduits en français.

Wonderland a déjà subi une grave sécheresse il y a 600 ans. Le royaume est de nouveau en train de perdre ses couleurs à cause d’une grave pénurie d’eau. Les grands flocons de neige, emblématiques d’une région de Wonderland ont aujourd’hui presque disparu, le niveau des eaux ne cesse de descendre. Tout comme au Japon où la question de l’eau est aussi bien une ressource sacrée et une menace, dans Wonderland l’eau a une place sacrée comme le décrit Hippocrate dans le film : "Toutes sortes de choses dans ce monde sont en vie grâce à l’eau (...) si l’eau circule correctement, les belles couleurs peuvent prospérer."

Wonderland est décrit comme un miroir de notre monde où l’existence serait restée simple, proche de la nature. Ils ont accès aux mêmes avancées que notre monde, mais ils ont choisi de ne pas en abuser. Les personnages de Zang et Doropo sont construits en opposition avec ce mode de pensée. Ils habitent dans la ville de Nibi, semblable à une forteresse métallique. Cette cité ouvrière est sombre et les habitants vivent dans la misère.

Keichii Hara dresse un monde où les humains et la nature vivent en harmonie grâce à un respect mutuel, en opposition avec le nôtre. À travers les mots d’Akané, le réalisateur soulève la question fondamentale des enjeux environnementaux et sociaux qui attendent les générations futures. "J’ai traversé de nombreuses villes et de nombreux villages pour arriver jusqu’ici. J’ai été surprise de voir à quel point c’était magnifique. Un monde fait de si belles couleurs. Notre monde a fait avancer la science de telle sorte que c’est maintenant à la fois un avantage et un inconvénient. Je me suis sentie heureuse de voir les belles couleurs de ces fleurs. Mon coeur bat plus vite lorsqu’il voit le ciel étoilé... mais nous avons oublié tout ça."