David Zonana a appris le métier de réalisateur sur le tas. Après avoir travaillé dans une société de production où il a acquis de plus en plus de responsabilités, il a commencé à signer des courts-métrages, ce qui lui a permis de découvrir la production, la réalisation et l'écriture de scénarios. « J’ai développé mon propre langage cinématographique en regardant beaucoup de films. Je voulais connaître tous les classiques, savoir tout ce qui se faisait. Voir des films aura été pour moi la meilleure école ».
Le film explore la relation complexe qui relie la classe ouvrière et les milieux favorisés. « Dans la société mexicaine, la cupidité, le pouvoir et la corruption servent à asservir les plus démunis. L’industrie du bâtiment met en évidence les inégalités. Des ouvriers construisent en permanence des demeures luxueuses qui sont aux antipodes de leur quotidien », explique le réalisateur. Mano de Obra s'interroge sur la meilleure manière de s'opposer au système sans tomber dans ses pires travers.
Mano de Obra est né du constat choquant des différentes conditions de vie qu'il peut y avoir au sein d'une même population. « J’ai retourné le sujet dans ma tête pendant des années avant de trouver comment le traduire en un projet de film. Je suis finalement parti d’un microcosme, une maison, pour aborder cette confrontation », révèle le réalisateur.
David Zonana a passé du temps sur les chantiers à échanger avec des ouvriers pour parler de leurs conditions de travail, leurs peurs et leurs ambitions : « C’était un travail long, mais extrêmement enrichissant, tant sur le plan personnel que professionnel ». S'inspirant des ouvriers rencontrés pour peaufiner ses personnages, le réalisateur a fini par les choisir en tant qu'interprètes, même si ce ne sont pas des comédiens professionnels. Le cinéaste tenait à ce qu'ils restent eux-mêmes et à ce qu'ils se comportent comme dans leur quotidien. C’était à la caméra de s’adapter à eux.
Luis Alberti est le seul acteur professionnel. Son rôle, Francisco, nécessitait de solides bases dramaturgiques. Le réalisateur raconte que « son implication et son enthousiasme envers le projet, ainsi que les rapports qu’il a su établir avec les autres, ont permis d’établir une bonne ambiance et des conditions de travail favorables pour tout le monde sur le tournage. Luis ne jouait plus le rôle d’un ouvrier, il se fondait complètement parmi les vrais. »
Mano de Obra privilégie les plans fixes car David Zonana souhaitait que la caméra soit discrète et opère peu de mouvements. Elle fait office de témoin et ne doit pas détourner l’attention des spectateurs de l’histoire qu’on leur raconte. « Je n’ai jamais été un grand fan de la caméra à l’épaule, je suis trop conscient de ses mouvements lorsque je regarde un film ».