Le premier film mis en scène par Ramon et Silvan Zürcher, L'Etrange petit chat, a suscité un certain intérêt médiatique à la Berlinale en 2013 et a ensuite été projeté dans plus de 80 festivals dans le monde entier. Le long métrage est ensuite sorti dans plusieurs pays dont l'Allemagne, la France, la Suisse et les Etats-Unis. Les metteurs en scène confient :
"C'était un voyage passionnant auquel nous n'étions pas tout à fait préparés, surtout parce que nos précédents courts et moyens métrages n'étaient guère montrés dans les festivals. C’est peut-être pour cela qu’il nous a fallu un certain temps pour revenir à l’écriture et retrouver notre énergie créative. Il fallait se concentrer et développer de nouveaux personnages et scènes."
Ramon et Silvan Zürcher avaient initialement prévu de tourner en Allemagne. Au dernier moment, La Jeune fille et l'araignée est toutefois devenu une production suisse. Ils se rappellent : "Nous avons tous deux étudiés à Berlin au DFFB et grâce à toute l'attention que nous avons reçue pour L'Etrange petit chat, il ne nous a pas fallu longtemps pour obtenir les contacts de plusieurs producteurs. Et puis, de manière indirecte, nous avons rencontré Aline Schmid, qui dirige la société de production Beauvoir Films aux côtés d'Adrian Blaser. Avec elle, nous avons approfondi le développement de La Jeune fille et l'araignée que nous avons finalement financé et tourné en Suisse."
"L'araignée est un animal très autosuffisant, qui peut rapidement créer une nouvelle maison avec ses propres ressources dans différents endroits. Sa toile est cependant une maison temporaire fragile, dont seule une délicate trace demeure au fil du temps. L'araignée tisse sa toile de la même façon que le film tisse l'histoire et les personnages. Elles deviennent de plus en plus complexes et les personnages y respirent une envie de liberté, pour l'infini."
Ramon et Silvan Zürcher ont filmé dans les locaux vides d'une ancienne brasserie de bière à Berne où ils ont pu recréer tous les appartements. "Dans un premier temps, nous avions également recherché à tourner dans de vrais appartements, mais je n'ai rien trouvé qui coïncidait avec les plans au sol du script, ou qui avait les conditions de tournage nécessaires dont nous avions besoin. Nous étions sur le point de prendre deux appartements, quand soudain l'opportunité de la brasserie se présenta, à la toute dernière minute", se souviennent les réalisateurs.
Le piano de la femme de chambre a une signification particulière dans le film. Donc très tôt, il est devenu clair pour Ramon et Silvan Zürcher que cet instrument deviendrait central dans la musique de La Jeune fille et l'araignée. "Nous sommes tombés sur la valse biélorusse "Gramophone" d'Eugen Doga par hasard. Nous aimons sa dynamique et sa mélancolie et le contraste qu'elle forme avec l'ambiance plutôt dramatique du film. Ce que nous aimons le plus dans "Voyage, Voyage" de Desireless c'est la pop des années 80 et le désir qui se dégage de cette musique, qui correspond bien à l'état d'esprit de Mara."
Côté influences cinématographiques, Ramon et Silvan Zürcher revendiquent les films d'Angela Schanelec, pour leur mélange de rigueur formelle et de sensibilité, ainsi que pour l'imprévisibilité de leur narration. Les metteurs en scène citent aussi Robert Bresson (pour son langage cinématographique condensé), Ingmar Bergman et Michelangelo Antonioni (pour le traitement du corps et de la psyché dans leurs longs métrages). Ils précisent :
"Et le travail de Rohmer. Ses films respirent la simplicité sans jamais être banals. Il parvient à créer des personnages vivants et des mondes poétiques et philosophiques sans effort et avec légèreté. Les couleurs riches de ses films nous inspirent également. Mais il y a aussi des influences de la littérature. Par exemple, les personnages de Salinger, souvent marginaux, non conventionnels et touchants. Ces aspects reviennent sans cesse."