Je craignais que le film vire found footage, une démarche technique que je déteste.
Rien n’en a été.
« A Coeur battant » se déroule par écrans interposés mais fixes. Peu importe le déplacement de l’ordinateur ou du smartphone, l’écran reste fixe.
Ce parti pris risqué peut mettre à mal la mise en scène ou montrer ses limites.
Retranscrire du théâtre sur pellicule est souvent périlleux avec l’unité de lieu unique.
J’ai coutume d’écrire que le mouvement est compensé par la qualité des dialogues. Si le spectateur est accaparé par les dialogues, par l’écriture et l’incarnation des acteurs, on oublie l’aspect théâtre.
Ici, avec « A Coeur Battant », le rendu est similaire. La qualité des dialogues, des situations, du récit compensent largement une mise en scène quelque peu statique.
Le récit tient la durée des 1h30mn en ce qui me concerne.
J’ai vraiment apprécié ce postulat technique et artistique.
En tout les cas, ce sont les déplacements, les points de vue des protagonistes qui permettent le mouvement.
Le couple qui communique par Skype Judith Chemla (Julie) Arieh Worthalter (Yuval) fonctionne parfaitement grâce au jeu des acteurs et la force du récit, lequel évolue à petits pas.
Les nouvelles technologies de communication comme Skype par exemple permettent de réduire les distances, de compenser le vide, de matérialiser une présence par écran interposé pour vivre des moments conviviaux : Noël, apéritifs, anniversaires, fêtes, réunions.
Je pense que ça passe pour des amis, pour la famille parce que ponctuel, mais à terme pour un couple qui se parle tous les jours, cette technologie finit par souligner cette distance.
L’écran ne traduira jamais le toucher de la chair et traduira aussi l’impuissance d’agir.
Ce qui permettait dans un premier temps de communiquer devient dans un second temps un monologue !
C’est vrai, l’écran n’est pas le seul coupable du délitement du couple, il reste que Yuval n’a plus envie de rentrer.
Au commencement, Yuval est en guerre contre l’administration des visas qui tardent à être édités. Cette impatience de rentrer en France pour y retrouver femme et enfant glisse peu à peu vers d’autres arguments qui tiennent la route : en rentrant en France, il sera sans emploi, considéré comme étranger et le fait d’être sans emploi surlignera son statut de sans emploi !
Si le visa n’avait pas tardé à être édité, Yuval impatient de rentrer n’aurait pas hésité une seconde.
Alors est-ce vraiment les nouvelles technologies qui sont la cause d’une possible séparation ?
A découvrir.