Le réalisateur Tatsushi Ōmori connaît Tomomi Yoshimura, producteur du film, depuis 10 ans et ils réfléchissaient à des projets de film ensemble. "C’est lui qui a découvert l’oeuvre originale et me l’a donnée. J’ai d’abord été séduit par le fait que la vie d’une femme soit décrite avec précision à travers l’art du thé. J’ai pensé : «C’est l’histoire d’une femme qui, grâce à l’art du thé, découvre et touche à quelque chose d’inestimable non pas des pierres précieuses brillantes, mais ce qui était caché au fond d’elle depuis toujours.» J’aime les films qui racontent la vie d’un personnage comme La Femme insecte et Accords et désaccords. Mais je n’avais jamais réalisé ce genre de films, alors je voulais m’y essayer. Par contre, comme j’étais complètement profane en art du thé, j’ai pensé que ce serait ma plus grande difficulté", confie le metteur en scène.
Né en 1970 à Tokyo, Tatsushi Omori fut très tôt passionné par le cinéma, réalisant des films 8mm à l’université, décrochant des rôles dans des films. Il a produit et joué dans le film de Hiroshi Okuhara Wave (primé à Rotterdam). Il réalise son premier long-métrage The Whispering of the Gods en 2005 (primé à Locarno et Tokyo), inspirée d’une nouvelle de Mangetsu Hanamura. Puis en 2010, son second long métrage A Crowd of Three fut présenté en sélection Forum du Festival de Berlin. Dans un jardin qu’on dirait éternel est son premier film à sortir en France.
Tatsushi Ōmori a pu écrire le scénario en environ un mois ; il pense que le film lui est assez fidèle. "Tomomi Yoshimura m’a dit qu’il voulait que les saisons et le temps qui passe soient décrits dans le pavillon de thé, et qu’il fallait que l’évolution des rapports que Noriko entretenait avec sa famille et son maître soient dépeinte à travers l’art du thé."
Tatsushi Ōmori a demandé à ses 3 actrices principales d’apprendre l’art du thé avant le tournage. Lorsqu’elles ont atteint un bon niveau, ils ont commencé par tourner des scènes où deux personnages ignoraient tout de cet art. Pour que le spectateur puisse sentir qu’elles progressent, il fallait que ces scènes soient réalistes. "Les actrices ont répondu à mon attente de façon majestueuse. J’imagine que c’était dur pour elles, mais elles étaient formidables. Pour chaque scène, elles changeaient de voix et de façon de s’asseoir. J’étais impressionné en constatant leurs changements de voix. Etant donné que j’avais rassemblé des actrices talentueuses, je n’avais pas besoin de leur donner beaucoup de direction sur le tournage. Je voulais qu’elles viennent, se trouvent face à face et qu’elles accordent de l’importance à ce qu’elles ressentent. Ma plus grande tâche était de préserver cet équilibre."
Selon le réalisateur Tatsushi Ōmori, le choix de positions de caméra était limité et il y avait très peu d’espace derrière la caméra dans le pavillon de thé. Alors le choix d’échelle de plans était important pour ce film. Il fallait aussi faire ressentir les saisons dans cet espace restreint. "Donc, par exemple, pour bien filmer la lumière derrière des shoji (parois ou portes constitués de papier translucide), l’équipe de décor et celle de lumière ont beaucoup discuté pour en choisir la couleur. Noriko Morishita, l’auteure de l’oeuvre originale, nous a accordé tout son soutien, et je suis content que nous ayons pu montrer ses ustensiles de la cérémonie du thé, ses kakemono (rouleaux verticaux accrochés au mur) ainsi que des pâtisseries japonaises qu’elle sert. Le fait d’avoir tourné dans un vrai pavillon de thé nous a permis de filmer à la lumière naturelle, même si le jour était court car c’était en hiver."