Du cinéma japonais comme on l'aime, quotidien et effrayant, banal et mystérieux, une eau calme, et, sous la surface? Du réalisateur Kôji Fukada, on se souvient d'Harmonium, avec ce même climat de mystère autour d'une personnalité un peu trouble.
Ichiko (Mariko Tsutsui) appartient à un cabinet d'infirmières à domicile. Elle s'occupe d'une vieille dame impotente, perdue dans ses rêves et dans ses fumées de cigarette... Elle fait partie de la famille; elle aide les deux petites filles, ados lycéennes, à travailler. Saki, la plus jeune (Miyu Ogawa), est gaie et spontanée; Motoko (Mikako Ichikawa) semble plus complexe. Peut être s'estime t-elle moins aimée? En tous cas elle recherche la compagnie d'Ichiko.
Celle ci a cependant une vie personnelle équilibrée; elle est fiancée à un médecin, lui-même père d'un petit bambin grassouillet, et ils vont se marier.
Mais un jour Saki disparait. On la retrouve au bout d'une semaine, traumatisée mais n'ayant apparemment subi aucuns sévices. Son ravisseur est vite identifié: il s'agit du propre neveu d'Ichiko, Tatsuo. Petit à petit, la jeune femme va sombrer: elle est d'abord soupçonnée de complicité d'enlèvement par les media, puis par la famille. Motoko a un comportement extrêmement trouble. Ichiko, harcelée, perd tout: son emploi, son fiancé. Et elle va se venger....
Les séquences de vie de l'Ichiko d'avant et de l'Ichiko d'après sont intercalées comme des couches de lasagne avec d'autres séquences purement oniriques, ce qui oblige à une certaine attention, mais le film est suffisamment envoûtant pour que l'attention ne se dérobe pas. On est obsédé par le visage lisse de cette héroïne bi-face; tout est beau, subtil, intelligent, dans ce Japon moderne qui reste aussi celui du secret et de la solitude.