Seules les bêtes raconte une histoire, celle d'un meurtre, en suivant le point de vue de tous ceux qui, directement ou non, y ont été liés. En tout cas, en apparence. Car, et c'est là l'intérêt du film, la réalisation (brillante) de Dominik Moll installe une atmosphère de polar tel qu'on le connaît :
on croit à un tueur en série anonyme qui veut tuer les couples qui ne s'aiment pas.
La vérité sera cependant bien plus basse, plus laide. C'est là qu'apparaît la vraie intention du film : ausculter la nature humaine, ses plus bas instincts, les plus bestiaux, dans un drame choral au casting impressionnant (Denis Ménochet, Laure Calamy, Nadia Tereszkiewicz, Damien Bonnard, Bastien Bouillon déjà en policier avant La nuit du 12, et la révélation Guy Roger N'drin).
Mais ce qui fait la force du film en fait aussi la limite : ce scénario abracadabrant aurait parfaitement tenu si le film n'avait été qu'un polar classique, ici, il paraît trop forcé, trop improbable, et finit par sortir du film. Un très bon film français cependant, qui prouve, 3 ans avant le triomphe de La nuit du 12, que Moll est un réalisateur et auteur talentueux, à suivre.