Le film de Vincent Maël Cardona est bien difficile à caractériser : comédie sociale ? Tranche de vie ? Chronique d’une époque révolue ? Il y a probablement un peu de tout ça dans son long-métrage « Les Magnétiques ». Il est réalisé de façon tout à fait propre mais tout à fait conventionnelle aussi, et orné d’une bande originale bien sympathique : Joy Divison, Marquis de Sade mais aussi plein d’autre truc que je ne connais pas mais très connoté « fin du Punk, début de la New Wave » qui replissent bien les oreilles. Bon par moment c’est un peu déroutant surtout que Philippe expérimente des trucs pas possibles avec ses cassettes et ses platines, à la limite de la musique expérimentale. Mais dans l’ensemble, ce n’est pas par le son que le film est ennuyeux. Le souci, c’est que côté scénario, c’est un peu le flou artistique ! Si on arrive bien à se situer dans l’espace (une toute petite ville bien déprimante) et dans le temps (les années 81, pleine d’espérance et de désillusions en même temps), si toute la partie se déroulant en Allemagne n’est pas du tout inintéressante, le scénario est malgré tout très léger.
Philippe grandit dans l’ombre de son grand frère, le grand frère charismatique et séducteur, beaucoup trop amateur d’alcool, dont tu sens immédiatement qu’il va dévisser méchamment. Si le service militaire ne l’avait pas envoyé loin faire ses propres expériences, il se serait étiolé petit à petit dans une vie besogneuse de garagiste, loin de sa passion pour le son et la radio. En fait, c’est tout simplement l’histoire d’un gamin un peu effacé qui prend sa vie en main, presque à son corps défendant. Sa première transgression est de tomber amoureux de la copine de son frère, une fille mignonne, pour qui il fera des petites folies comme on en fait quand on a 20 ans. Cela l’amènera doucement à d’autres transgressions comme déserter pour la rejoindre, prendre de l’ecstasy dans une fête clandestine de Berlin-Est et au final, la plus grande de toute les transgressions ; quitter le chemin tout tracé que la vie lui avait réservé.
Voilà, il n’y a pas réellement autre chose dans ce scénario, et c’est un peu faible. On ne va pas y aller par 4 chemins, l’ennui m’a gagné assez vite : ne comprenant pas où le film était censé m’emmener (et avant de comprendre qu’il ne m’emmenait plus ou moins nulle part), mon esprit s’est un peu échappé de la salle de cinéma. Quand un film d’1h40 ne vous capte pas, c’est que quelque chose ne fonctionne pas. C’est dommage car le contexte, les années 80 et les radios libres, tout ça était assez excitant sur le papier. Mais Vincent Maël Cardona ne l’exploite pas comme je l’avais imaginé. Difficile de croire que les scénaristes s’y sont mis à 6 pour pondre un scénario si fragile, pour ne pas dire faible ! Après, tout n’est pas à jeter dans « Les Magnétiques », et notamment l’interprétation de Thimotée Robard dans le rôle de Philippe, qui trouve le ton juste pour incarner ce gars un peu effacé qui finit par trouver sa voie. Joseph Olivennes est très bien aussi dans le rôle de son grand frère, un grand frère excessif, écorché vif, qui fait tout trop vite, vit trop fort
et va fatalement se brûler les ailes
. Et puis il y a Marie Colomb, femme-enfant coincée entre les deux frères
qui choisit de ne pas choisir
, elle est un peu fuyante, difficile à cerner. Il y a aussi quelques scènes assez réussie, comme l’incroyable séance chez le psy de l’armée : Philippe voulait se faire réformer P4, il tombe sur plus fort que lui, c’est une scène étrange mais réussie. « Les Magnétiques » est un film qui se cherche sans jamais se trouver, sans être désagréable à regarder, il n’arrive jamais à nous passionner réellement, comme si on n’arrivait pas vraiment à s’attacher à son personnage principal, comme si sa mue vers l’âge adulte n’était qu’une péripétie attendue. Il y avait probablement moyen de faire un autre film que celui-ci avec un sujet sur les années 80 et l’essor des radios libres, celui-là m’a laissé gravement sur ma faim.