Présenté à la quinzaine des réalisateurs à Cannes, les magnétiques est le premier film de vincent maël Cardonna. Le film raconte l'histoire de Phillipe, habitant une petite ville de province, menant un projet de radio-pirate avec son grand frère, qui est bien plus confiant que lui. Il sera recruté par l'armée et envoyé à Berlin alors qu'il commencait à nouer une relation avec la femme de son frère. L'histoire se déroule dans les années 80 (la première scène nous montre la café de la ville qui célèbre l'élection de Mitterand) et on sent de la part du réalisateur une nostalgie de cette époque à laquelle le film constitue une sorte d'hommage. Cette nostalgie insuffle une certaine douceur que ce soit sur le plan scénaristique ou formel. En effet, aucun personnages n'est animé par de mauvaises intentions et la relative lenteur technique de l'époque semble en être l'explication. Le personnage principal utilise notamment des techniques avec les matériaux radiophoniques afin de s'exprimer, lui qui manque de confiance à l'oral. La description de cette époque, presque idéalisée, est comme une violente critique à l'égard de notre période actuelle, où la radio a été entièrement numérisée. Les personnages, portés par une distribution très réussie semblent tous embarquer dans une vie médiocre lié à la vie de province qui semble stagnante enfermant les gens (le père et le frère) dans des schémas répétitifs d'où ils ne se sortent que par un drame. Thimotée Robart , dans le rôle principal, est très juste : alors qu'il aurait pu facilement tomber dans la caricature du garçon introverti, il contourne subtilement ce poncif pour apporter une grande profondeur à son rôle. La scène où il apprend dans son « walkman » que Marianne, la femme de son frère, l'aime, est magnifique. On observe à ce moment précis une sorte de dilatation du temps qui est très bien retranscrit à l'écran, formant une sorte de tableau irréel dans lequel la caméra se déplace. Cette scène fait partie des nombreuses très bonnes idées esthétiques présentes dans le film, appuyées par un grand travail sur la lumière. Les phares constituent notamment, pour Vincent Maël Cardonna, une source inépuisable de procédés formels conférant à l'image une beauté poétique : Les danses des phares des motos, les phares qui éclairent la scène d'amour entre Philippe et Marianne, le faisceau du soleil qui inonde le salon dans lequel le grand frère fume... Ces images, desquelles on parvient à ressentir une réelle réflexion de la part du réalisateur sont accompagnés d'un « sound-design » assez exceptionnel. Le travail du son (supervisé par Mathieu Descamps, Pierre Bariaud et Samuel Aïchoun) témoigne d'une grande technicité, la voix-off rejoignant ou recoupant la voix à l'écran, formant une sorte de film dans le film, une mise en abîme, dont les deux extrémités se rejoignent à la fin du film.
bien que certains élément peuvent permettre de nuancer ces points positifs. L'épisode de Berlin aurait notamment pu être plus approfondi, on a pourtant absolument pas l'impression d'avoir vu la ville alors qu'une grande partie du film s'y déroule. L'aspect historique du film n'est pas assez approfondi tout en étant pas assez subtil. Par ailleurs, le projet évident d'émouvoir le spectateur est raté, le film bien que touchant, n'est pas émouvant, ce qui est sans doute dû au peu de profondeur de certains personnages (on peut regretter que le personnage du père ne soit pas approfondi). Ces éléments sont peut-être dû à un certain manque de rigueur scénaristique, bien que de nombreux éléments intéressants aient été travaillés dans le scénario : le film gagnerait dans une envolée scénaristique alors qu'il semble quelque part plombé par un conformisme dans sa construction. Pour conclure, c'est donc une très bonne copie que rend V.M.Cardonna pour son premier film, qui témoigne de grandes qualités de mise en scène et d'une sensibilité artistique très bien retranscrite à l'écran.