Ce film fait partie des films que l'on n'attend pas, du moins pas de manière très médiatisée, très soutenue. J'en ai fait la connaissance par une rubrique, qui vantait ce long métrage comme une pépite brute, symbole d'une époque.
La curiosité est parfois très bonne collègue pour aller au cinéma. Ce film dépeint donc un canevas dont l'histoire principale est celle de deux frères, qui entre autres choses, animent une radio amateur avec brio. L'un s'occupe de la parole, l'autre des "potars" comme il le dit si bien. En plein début des années 80, là où la jeunesse exulte de l'arrivée au pouvoir du PS, le service militaire est encore obligatoire, et dans leur tête un seul terme revient : P4, pour "réformé".
Cependant comme dans toute famille, comme dans toute époque, comme dans toute histoire, comme dans toute vie, rien n'est simple. Et dans cette ère des cheveux longs et de la défonce à moult substances (avec en featuring le cancer du poumon vu la quantité de fumeurs), les chemins seront bien complexes à garder droits.
Oui, ce film est une pépite. Un genre d'âpreté qui glace mais qui sublime également. Les années 80 sont redoutablement bien représentées. On sent l'attention du détail, le génie créatif des plans et des ambiances, qui réussissent à rendre glaciale une scène, juste par un son, une lumière, un non dit. Les acteurs et actrices, peu connu(e)s, rendent leurs personnages crédibles et donnent un vrai carburant à leurs émotions.
Il y a aussi un personnage principal qui joue tout le long du film et qui mérite une récompense à lui seul : la bande originale. Si vous aimez les années 80 vous allez vous régaler. Cela forme un bon duo avec la mise en scène, proprement divine, sur les capacités du héros à manipuler les outils radiophoniques. Une des scènes en particulier, est une merveille qui m'a fait frissonner.
Et même si le film aurait pu se muscler, dans son rythme, dans son propos (on ne parle que peu de la politique, des espoirs, des envies), il reste une tranche de vie tendre et moelleuse sur un plat réaliste, froid et souvent âpre.
Reste que ce message, celui de vivre, pleinement, résonne dans la salle de cinéma, comme un message certes intemporel, mais qui est ici comme projeté par le film, amplifié et modelé pour résonner dans nos coeurs. La vie est trop courte et trop semée d'embûches pour rester planplan. Place au rock.