Le film fait partie de la Sélection Officielle Cannes 2020.
Falling marque les débuts de Viggo Mortensen à la mise en scène. Près de quatre ans après avoir achevé le premier jet du scénario, et quelques difficultés pour trouver le financement, le comédien et désormais réalisateur a pu voir son projet aboutir grâce à la rencontre des producteurs Daniel Bekerman, de Scythia Films, à qui l'on doit notamment The Witch, et Chris Curling de Zephyr Films.
Bien que Falling ne soit pas entièrement autobiographique, Viggo Mortensen, scénariste et réalisateur du film, offre à travers cette histoire un regard inhabituellement révélateur sur un tournant de sa vie d’artiste. Il raconte : "L’idée m’est venue alors que je survolais l’Atlantique après l’enterrement de ma mère. Je n’arrivais pas à dormir ; mon esprit était envahi d’innombrables souvenirs d’elle et de notre famille à différentes étapes de notre vie. Je me suis mis alors à relater des événements et des bribes de dialogues qui me revenaient de l’enfance. Et plus j’écrivais sur ma mère, plus je pensais à mon père. Au moment où nous avons atterri, les impressions que j’avais couchées sur le papier avaient évolué pour devenir une histoire composée de conversations et de moments parfois rêvés, un ensemble de lignes parallèles et divergentes qui, sans être forcément réelles, semblaient pourtant justes et élargissaient ma perspective sur les véritables souvenirs que j’avais de notre famille. Paradoxalement, ces séquences inventées me permettaient d’être plus proche de la vérité de mes sentiments pour ma mère et mon père qu’une énumération factuelle de souvenirs spécifiques. J’ai fini par écrire une histoire père- fils sur une famille fictive ayant des traits communs avec la mienne."
En tant qu’acteur, Viggo Mortensen a travaillé avec certains des plus grands réalisateurs qui soient : Jane Campion, Peter Jackson, Peter Weir, et son ami proche et collaborateur fréquent David Cronenberg. "J’ai eu la chance d’apprendre auprès de certains des meilleurs réalisateurs et je me suis efforcé d’appliquer ces leçons pour préparer le tournage et communiquer efficacement avec les acteurs et l’équipe. En tant qu’acteur, j’ai toujours été curieux. Je m’intéressais à l’objectif choisi pour la caméra, à la manière dont une scène était éclairée, à la raison pour laquelle tel manteau ou telle robe avaient été choisis. J’ai toujours aimé l’aspect collaboratif du cinéma, la possibilité de participer pleinement au processus de narration. Si un film fonctionne, ce n’est que grâce aux compromis de tous, au sacrifice commun d’une équipe de personnes créatives. Les meilleurs réalisateurs comprennent qu’ils ne sont pas seuls à faire le film, mais que ce film constitue l’aboutissement de la contribution de nombreuses personnes, qui dialoguent activement entre elles sur une longue période de temps."
Bien qu’ils ne soient pas spécifiquement tirés du vécu de Viggo Mortensen, certains détails du film s’inspirent de conversations et d’événements réels. "Mon père fut une présence écrasante dans la vie de ma mère, et leur séparation houleuse lorsque j’avais 11 ans et mes frères 6 et 8 ans, nous a profondément changés tous les trois. L’ombre de notre père a continué à planer sur le nouveau foyer que nous avons construit avec notre mère des années après qu’ils avaient tous deux avancé dans la vie et trouvé de nouveaux partenaires. Au moment où ma mère est décédée, mon père en était au début de la démence et avait commencé à me confondre de temps en temps avec son propre père, glissant par moments dans le passé lointain de sa propre enfance et de son adolescence. Bien que Falling ne soit pas vraiment une histoire autobiographique, certains éléments, y compris des flashbacks liés à l’enfance de John, sont basés sur des événements réels et des conversations de ma jeunesse."
En 2008, Viggo Mortensen avait joué dans Appaloosa, un film écrit et réalisé par Ed Harris, sur lequel il avait rencontré Lance Henriksen, acteur emblématique bien connu pour ses rôles dans Aliens et Terminator. C’est à lui qu’il a demandé de jouer le rôle complexe de Willis. Souvent choisi pour incarner des méchants, l’acteur était impatient d’incarner une figure patriarcale tout en relevant le défi de jouer également une personne atteinte de démence. Il a beaucoup apprécié le portrait de famille sans fard tracé par le scénario : "Falling dépeint l’endurance et la résolution nécessaires pour être une famille. Jamais je n’avais vu cela représenté avec autant de force au cinéma."
Viggo Mortensen évoque le cinéaste japonais minimaliste Yasujirō Ozu pour parler de son approche visuelle. Reconnu pour ses drames familiaux sobres et subtils traitant souvent de conflits générationnels, les films d’Ozu ont un style assez austère qui place le spectateur en observateur et permet souvent aux scènes de se dérouler dans la durée, en un seul plan. Viggo Mortensen précise : "Il faut trouver le bon moment pour bouger la caméra. Beaucoup de mes cinéastes préférés se placent un peu en retrait, en contrebas, de façon à ce que l’on puisse voir la pièce, ce qui permet à la scène de respirer. On voit les personnages se comporter, bouger ; on observe leurs gestes. Nous avons beaucoup procédé ainsi, surtout au début avec certains flashbacks à la ferme, et nous nous sommes efforcés de nous montrer judicieux en choisissant les moments où il fallait s’écarter de cette approche."
Après avoir tourné trois fois sous sa direction dans A History of Violence, Les Promesses de l'ombre et A Dangerous Method, Viggo Mortensen dirige à son tour le réalisateur David Cronenberg, qui tient dans Falling le rôle d'un proctologue.