Darko Štante a lui-même travaillé comme éducateur dans un centre de redressement pour jeunes. C'est suite à cette expérience que Consequences est né. Le metteur en scène explique : "J'ai vécu des histoires similaires à celle de Andrej quand je travaillais dans un centre de détention pour adolescents en Slovénie. Je me suis toujours interrogé sur l’approche pédagogique de ces centres qui ne prenaient pas en considération la détresse émotionnelle des garçons qu’ils accueillaient. Le plus effrayant pour moi était d’entendre le point de vue de certains de mes collègues sur de nombreux sujets autour de l’éducation de la jeunesse. J’ai été notamment assez dérangé par une discussion avec un des éducateurs au sujet d’un garçon dont on pensait qu’il était gay. Quand je lui en ai parlé, il m’a répondu : « Non, non, non, c’est juste qu’il est en train de grandir, c’est une phase ». Je lui ai dit que nous devrions probablement en discuter pour l’aider à régler ses problèmes, lui parler d’identité sexuelle. Il m’a répondu : « Non, il ne faut surtout pas en parler. S’il parle de cela, nous allons être obligé de le renvoyer car il ne pourra pas rester dans une institution comme celle-ci et être officiellement gay ! ».
Consequences parle également du côté sombre des réseaux sociaux, d’internet et de la façon dont cela influe sur la vie des adolescents aujourd’hui. Darko Štante voulait ainsi mettre en place, dans l’histoire, le fait que tout, les réseaux sociaux, la société, les institutions, s’opposait au personnage principal. Il précise : "Tout à l’air de se mettre en place pour le manipuler. Ce n’est pas l’utilisation traditionnelle des réseaux sociaux mais on sait qu’ils peuvent être utilisés pour manipuler les gens. C’est quelque part un élément de plus qui s’oppose symboliquement à la vie d’Andrej. Le sujet du film, c’est vraiment la trahison, tout le monde le trahit : ses parents, la société, les réseaux sociaux, son « petit ami » ou presque, et même l’institution censée le protéger. Je voulais juste mettre le point sur le fait que dans certains cas, rien ne fonctionne comme cela devrait fonctionner et que tout peut concourir à détruire quelqu’un. Les réseaux sociaux sont faits pour faciliter la communication entre les gens, mais malheureusement, ils ne sont pas utilisés que pour ça ! Et les jeunes sont des spécialistes à ce sujet."
La phase de casting s'est avérée très complexe, notamment en raison du sujet et des scènes de baisers et de sexe entre garçons. Au départ, Darko Štante voulait trouver des acteurs non-professionnels, et a lancé un énorme casting pour lequel de nombreux jeunes sont venus. Le réalisateur se rappelle : "Mais malheureusement cela s’est avéré difficile de leur faire faire ce qu’on voulait, de les diriger. Je me suis donc adressé à une école de théâtre, j’ai vu des courts-métrages ou des pièces qu’ils avaient jouées et j’ai choisi quelques acteurs pour leur proposer de passer le casting. Là, j’ai trouvé les jeunes du film et nous avons répété longuement sans que les rôles ne leur soient attribués. Ils ne savaient pas quel personnage ils auraient à interpréter, ils répétaient chacun tous les rôles et, après 2 mois de travail, j’ai commencé à choisir petit à petit. Ensuite, nous avons encore travaillé pendant près de 6 mois avant que la production ne lance le tournage. On a eu le temps de s’ouvrir les uns aux autres, de passer du temps ensemble et de construire une relation de confiance qui était nécessaire. La confiance était l’élément le plus important à mettre en place entre nous. Et je pense sincèrement que cette confiance se voit à l’écran."
La plupart des centres de détention ont été créés après la Seconde Guerre mondiale, mais ont conservé le même aspect depuis les années 70 lorsque le système éducatif est passé de l’autoritarisme à une forme de laxisme. Ces centres fonctionnent encore aujourd’hui comme des institutions. Leur mode de fonctionnement est néanmoins totalement dépassé. Les bouleversements sociétaux compliquent le travail des éducateurs qui ne comprennent pas les problèmes des jeunes ce qui provoque chez eux un sentiment de frustration. Ils deviennent alors semblables aux parents de ces jeunes, impuissants, agressifs et désabusés. Darko Štante confie :
"Dans ce film, j’ai tenté de montrer ces centres comme des lieux claustrophobes, où rien ne fonctionne comme cela devrait marcher. Sans l’autorité des éducateurs, les jeunes établissent leurs propres règles dont ces éducateurs ne tiennent pas compte et le centre devient un lieu sans loi.Mais le sujet du film n’est pas simplement l’institution. L’environnement d’Andrej est le reflet du monde dans lequel il évolue. C’est un espace de marginalisation, un système dépassé qui devrait déjà appartenir à l’histoire. Le sujet du film est le passage à l’âge adulte, la quête d’identité dans ce monde. C’est un film sur la trahison, pas juste individuelle mais collective."