L'Eurovision, c'est ce show qu'on adore regarder en famille ou entre amis malgré sa ringardise croissante d'année en année (on se moque plus qu'on ne regarde), qui devient donc de plus en plus facile à parodier, et Will Ferrel ne s'en est pas privé. Il faut savoir qu'Outre-Atlantique, l'Eurovision est très suivi par les Américains (pas autant que le Super Bowl, mais il a tout de même un sacré succès), une version parodique pendait au nez de l'institution depuis bien longtemps, entre ses chanteurs en costumes ultra-moulants et pailletés à s'en cramer les rétines, qui hurlent dans leur micro à qui mieux-mieux, qui ont tous à peu près la même chanson "Eurovision-pleaser" (une chanson d'amour aux paroles pas trop compliquées, ou une revendication "je m'aime comme je suis", le tout avec beaucoup de synthé et des danseurs qui sautent partout dans les flammes), des votes pour la plupart adressés aux pays voisins (peu importe la qualité de leur prestation, et souvent le copinage se remarque). Vraiment, on ne sait pas comment le show a fait pour éviter l'appel d'Hollywood jusque-là, tant il tend les bras à se faire moquer. On retrouvera donc une critique amicale des ficelles du show (espérons que cela donne envie aux organisateurs de renouveler un peu la recette), ce qui aurait été vraiment réussi sans l'histoire cucul (et très prévisible) entre les deux chanteurs islandais incarnés par Rachel McAdams (transparente) et Will Ferrel pas très en forme (il se vautre dans l'humour bas de pantalon et insiste lourdement pour nous faire rire avec ses gags plats). On ne peut que déplorer le caractère fade des chansons entendues, notamment celle du concurrent Russe (Dan Stevens, dans son pire rôle ? Peut-être bien, si seulement d'autres rôles épouvantables ne nous revenaient pas en tête pour cet acteur parfois un peu perdu depuis l'excellent Downton Abbey), on en vient même à se dire que la chanson "bébête" du générique de fin est la plus sympathique. On tentera d'oublier par exemple l'horrible medley de chansons qui réunit plusieurs vedettes de l'Eurovision, qu'on a quand même aimé revoir de longue date pour certains : Alexander Rybak (dont le solo de violon magnifique en 2009 pour Fairytales nous est resté en mémoire depuis), Conchita Wurst (celui qui était courageux de s'afficher en outsider en 2014, devenu un modèle-cliché pour les autres candidats depuis), Salvador Sobral (sa chanson si touchante nous avait poussé au mutisme le plus complet en 2017), la gagnante d'Israel en 2019 (on se rappelle encore des chats multicolores partout, un traumatisme visuel), ou encore notre Bilal Hassani national (2018). Beaucoup de nostalgie à l'image, à défaut de faire plaisir à nos oreilles. La niaiserie accomplie du final ne nous surprend pas, mais déçoit quand même dans ce film de deux heures qui aurait pu (ou plutôt dû) se contenter largement de l'heure et demi (trop long à démarrer, lambine au milieu, seule la dernière demi-heure fonce et fait le show). Dommage que l'intrigue des chanteurs soit si nunuche et prévisible, que le "méchant" soit si caricatural, car la critique (gentille) de l'Eurovision est une suite de points que l'on moque devant son téléviseur depuis trop longtemps maintenant, on aimerait bien que la parodie fasse changer la recette. Two points to...this film.