« Roxane » est en réalité aussi décalé comme prénom pour une poule, que cette comédie l’est aussi en nous plongeant dans le milieu de la production d’œufs !
Maintenant reste à savoir si cette histoire aux allures de fable délicate, sur un fond social et économique tristement d’actualité, tient vraiment la route ou pas.
Honnêtement, malgré de super moments mâtinés de tendresse bienfaisante, sans compter tous ceux fort justes et particulièrement touchants qui égrènent ce joli récit, la totale adhésion à cette réalisation méritante de Mélanie Auffret n’a pourtant pas été au rendez-vous comme on l’espérait...
La faute à une peinture du monde rural franchement très stigmatisante et plus que caricaturale, principalement dans plusieurs scènes de beuverie affligeantes, dérangeantes et totalement inutiles dans ce contexte !
Quand cessera-t-on de forcer le trait si grossièrement afin de décrire avec tant de marqueurs, une certaine catégorie de notre population et en enfonçant par conséquent et une fois de plus, ces préjugés faciles et réducteurs dont on aurait sérieusement besoin de se débarrasser ?
Surtout qu’ici le propos essentiel du film vise paradoxalement tout le contraire, par le prisme d’un homme sensible, amoureux de théâtre et de belles lettres à travers Cyrano, qu’il déclame avec passion, les larmes aux yeux, à un public incroyable constitué de toutes ses poules réunies, et bien sûr en compagnie de sa star et bien-aimée Roxane !
Une véritable poule actrice née que la réalisatrice a su filmer comme pas deux telle une véritable starlette !!!
Il persiste aussi un aspect très gentillet et bisounours un peu trop appuyé qui retire pas mal de force et d’impact au message de toute cette profession montrée ici en grande détresse.
Le trait est donc franchement simplifié au maximum pour rester dans des plis très sages, sans être trop corrosif sur les bords !
Tout cela est donc toujours très mignon, complètement attendrissant avec ce Raymond, soit un Guillaume De Tonquedec qui joue le jeu à fond dans le genre, aidé par deux femmes uniques, son épouse Anne-Marie très émouvante aussi en la personne de Léa Drucker, tandis que Wendy (Kate Duchene), sa voisine anglaise au tempérament de feu, vaut aussi le détour par sa personnalité étonnante !
Alors on se dit qu’avec tous ces ingrédients, le gâteau que l’on nous sert manque peut-être de quelques œufs de plus pour être juste doré, croustillant et parfait comme il se doit, en apportant toute la saveur attendue, celle d’une comédie à la portée plus large et plus profonde sur un monde rural en crise, une catégorie en détresse !
Tout un monde que l’on espère encore voir rejoindre un jour ce beau mouvement de contestation, qui lui l’attend depuis trop longtemps sans comprendre pourquoi !
Une intention malgré tout plus que louable de Mélanie Auffret, qui aurait juste mérité plus de punch !