La réalisatrice a rencontré Stéphanie Maubé en 2015 pour un reportage télévisé consacré à trois femmes qui se lancent dans l'agriculture après une première vie professionnelle. Elles sont restées en contact une fois le tournage terminé et Delphine Détrie a décidé de suivre à nouveau l'agricultrice alors que l'administration envisageait de fermer son exploitation entre 2016 et 2017 : "Je voulais raconter la menace provenant des règles administratives, qui veulent qu’une jeune agricultrice subventionnée fasse entrer la vie de son exploitation dans une équation mathématique. Je souhaitais surtout mettre en lumière cette femme en quête de liberté, qui lutte pour s’inventer une vie qui lui ressemble, loin de ce qu’on a voulu pour elle".
Alors qu'elle était graphiste et assistante de production et de réalisation, Stéphanie décide de changer de vie après un week-end passé en Normandie qui agit comme une révélation sur elle. Pour réaliser son nouveau projet, elle effectue un an d'études dans un lycée agricole ainsi que de nombreux stages et expériences sur le terrain chez d'autres éleveurs. Elle crée sa propre exploitation au bord du havre de Saint-Germain-sur-Ay et prend le parti d'élever dans des prés salés, c'est-à-dire des prés sans enclos qui appartiennent à l'État et donc au domaine public maritime. Immergés une fois par mois à chaque grande marée, les prés abritent une végétation particulière (des plantes dites "halophytes") qui transmet une saveur caractéristique à la chair de l'agneau.
Après deux moyens métrages, Jeune bergère est le premier long de Delphine Détrie : "Il fallait absolument démarrer le film en janvier 2016, j’ai donc commencé à tourner sans budget avec mon propre matériel. J’ai ensuite fait appel à un financement participatif. Enfin, les choses avançant, ma productrice, Lucie Moreau, a trouvé un distributeur qui nous a proposé de faire un format long pour le cinéma. C’était inattendu et formidable".