Est-on devant une hallucination visuelle et auditive ? Ou bien devant une bande-annonce à rallonge en forme de compilation du pire des films d’action du début des années 2000 ? Ou encore devant le clip d’une musique EDM ou de hard rock ? Malheureusement non. « 6 Underground » est bien un long-métrage de cinéma. Et si ce genre de film aurait normalement davantage sa place au cinéma que sur Netflix pour profiter sur un grand écran de la puissance des effets spéciaux et des cascades, on comprend mieux qu’il se retrouve sur la plateforme de streaming lorsqu’on se retrouve face à la bête. Michael Bay, qui a sans doute eu les coudées franches et un total feu vert, laisse libre court à tous ses fantasmes les plus idiots pour nous offrir ce que le cinéma d’action peut faire de pire. Soit deux heures de bruit, de vacarme et d’idiotie avec pour seule limite son budget. Un budget de plus de 150 M$ néanmoins. Mieux vaut aller voir « Bad boys for life », relativement et autrement plus réussi, qu’il a préféré ne pas faire !
Pourtant le postulat de départ n’est vraiment pas mauvais et on se désole de voir qu’il soit gaspillé de la sorte dans un blockbuster aussi inepte. Soit des inconnus dotés de capacités uniques qui se réunissent pour accomplir des missions quasiment impossibles visant à rendre le monde meilleur après avoir été déclarés morts et donc n’existant plus aux yeux de la société. Mais, plutôt que de creuser le sujet (et le passé) de ses protagonistes, le cinéaste (ou artificier en chef d’Hollywood) se focalise uniquement sur les scènes d’action. Un domaine qu’il peut pourtant très bien maîtriser. Mais, ici, il tire vers le pire de ses capacités, loin des réussis « 13 hours » ou « The Island » mais plus proche des derniers « Transformers ». C’est-à-dire que tout cela n’a ni queue ni tête et que la saga « Fast and Furious » passerait pour du cinéma réaliste et crédible à côté. Ceci dit, ce n’est pas le plus dérangeant car du grand spectacle, même totalement fantasmé, peut être divertissant. Hors dans « 6 Underground » c’est plein de fautes de raccord, filmé n’importe comment et avec un montage tellement épileptique que ça ne fait que procurer nausée et mal de tête. Pourtant, des lieux de l’action (Florence, Hong-Kong, un yacht de luxe, …) aux intervenant en place, ça aurait pu être une bonne série B mais c’est juste criard, vulgaire, caricatural et déplaisant.
Il ne faut même pas chercher un quelconque degré de psychologie chez les personnages traités de manière inéquitable (le pire pour la doctoresse espagnole !) ou même de logique dans le déroulement de l’histoire et le montage (des allers et retours dans le temps en début de film qui ne servent strictement à rien si ce n’est à rendre tout ça encore plus grotesque). En revanche, on nous pond des scènes qui ne servent à rien comme celle qui montre la conquête féminine de Ryan Reynolds à Paris, séquence qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Alors même si quelques rares bonnes idées s’essaiment par endroits (l’idée de l’aimant dans le final, plutôt drôle) et qu’une violence décomplexée est plutôt agréable dans ce type de productions, c’est tellement mal amené que l’on ne peut décemment les apprécier. En plus de cela, l’humour est nul et les acteurs jouent mal. On se demande ce que Mélanie Laurent est venue faire là-dedans hormis d’obtenir un bon cachet destiné à financer son prochain projet de réalisatrice. « 6 Underground » est un festival de mauvais goût tapageur et un exemple parfait de ce que le cinéma à grand spectacle se doit de ne pas être.
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