Nous sommes l'humanité n'est pas selon son réalisateur un film anthropologique, "c'est un voyage extraordinaire et singulier au coeur du monde inconnu et fragile des Jarawas. Ici pas de scientifiques pour expliquer leur mode de vie ou leurs origines, mais une immersion totale dans leur univers secret et enchanteur."
Les Jarawas sont l’un des derniers peuples afro-asiatiques des îles Andamans en Inde. Ce sont des pygmées qui ont vécu dans un tel isolement que quasiment personne n'a pu étudier leur culture et leur langue. Désormais au nombre de 480, ils sont les derniers descendants des premiers humains modernes qui, il y a environ 70 000 ans, ont quitté l'Afrique pour partir à la découverte du monde. C'est un peuple qui vit libre, sans hiérarchie ni religion.
Les gardes forestiers indiens leur fournissent du riz, des outils, des habits et de la lessive depuis plus de dix ans. Le ministère des Affaires Tribales des Andamans publie régulièrement la liste de ce qu’ils donnent aux Jarawas.
Le réalisateur a pris connaissance de l'existence des Jarawas en 2001 mais a souhaité préserver leur tranquillité. Quand, en 2012, il s'est rendu compte du danger qu'ils couraient, il a décidé d’aller à leur rencontre pour leur donner la parole : "Les Jarawas étaient au courant de notre venue. Ils cherchaient un moyen de se faire entendre malgré le black-out médiatique aux Andamans. Nos guides les avaient prévenus et ils nous attendaient."
Nous sommes l'humanité va à la rencontre des Jarawas qui vivent isolés de notre monde depuis plus de 50 000 ans. Pour cela, une équipe de trois personnes (composée du réalisateur Alexandre Dereims, de la productrice Claire Beilvert et du directeur de la photographie Raphaël Bauche) avec du matériel réduit au minimum a fait le voyage et a côtoyé les Jarawas à quatre reprises, à raison d'une fois par an.
Elle s'est rendue sur les îles Andamans, situées dans l’océan Indien et administrativement rattachées au territoire des îles Andaman-et-Nicobar. L’archipel compte 204 îles (dont 38 sont habitées), situées entre le golfe du Bengale et la mer d’Andaman, à environ 200 km au sud de la Birmanie. 314 239 habitants indiens y vivent, parmi lesquels se trouvent les derniers peuples afro-asiatiques du monde.
Toute intrusion dans le territoire des Jarawas est passible de sept ans de prison. Des gardes forestiers indiens patrouillent constamment sur leur territoire et le large des côtes est également sous surveillance.
Pourtant, l'Andaman Trunk Road, construite dans les années 70, traverse leur territoire. Elle est empruntée deux fois par jour par des convois militaires transportant des touristes qui espèrent pouvoir prendre en photo les Jarawas.
Gethin Chamberlain, un journaliste du Guardian, a révélé ce zoo humain en postant une vidéo tournée par un policier indien pour le compte d’un touriste où il les encourage à danser en échange de nourriture. En 2013, une ordonnance provisoire a interdit aux touristes de prendre cette route mais une pétition pour sa réouverture a été déposée par la population locale qui a déclaré que cette route était vitale pour l’économie de l’archipel. L'Andaman Trunk Road a finalement été réouverte. La position du gouvernement qui vise à promouvoir le tourisme menace directement les Jarawas.
Les Jarawas sont la cible d'un ethnocide depuis quelques années. Tandis que quatre enfants ont trouvé la mort dans un hôpital suite à de mauvaises prescriptions médicales, des femmes ont été enlevées et violées par des indiens. Des braconniers viennent régulièrement troubler leur tranquillité. Enfin, le député Bisnhu Pada Ray a déclaré que les Jarawas voulaient abandonner leur mode de vie et rejoindre la communauté indienne sans leur avoir demandé leur avis. L’assimilation forcée a déjà commencé. En 2017, le gouvernement indien a décidé d’ouvrir des "écoles spéciales" pour "éduquer" les enfants jarawas.
L'équipe du film a lancé une campagne de sensibilisation et une pétition pour faire pression sur le gouvernement indien afin de protéger les Jarawas : "Nous mettons en accusation le gouvernement indien, pas les citoyens de ce pays. L’Inde est devenu l’un des géants économiques de notre monde globalisé. Elle a les moyens de protéger les Jarawas et nous sommes certains que c'est aussi le souhait de la majorité des Indiens."