Ce film est une raison supplémentaire d'aimer Isabelle Huppert. Tellement froide, proche et lointaine à la fois. Cette actrice est quasiment un oxymore. Son regard pénétrant traverse quasiment ceux auxquels elle le destine. Que faire lorsque l'on sait que l'on va mourir. Etre une comédienne talentueuse et reconnue ne règle rien. Nous vivons une sorte de huis-clos en extérieur. Elle est aimée, mais ce n'est pas son affaire, elle réunit sa famille et une proche, mais chacun.e est seul.e avec elle. Pas de place pour larmoyer. Un espace est possible pour la tristesse, mais sans débordements. De la tenue et de la retenue sont attendues. Cette odyssée sombre se déroule dans une ville portugaise aux paysages magnifiques. On constate en passant que l'anglais semble maîtrisé par la jeunesse bien mieux qu'en France. Qu'est-ce que nous disent les séparations ? Qu'en advient-il ? Quels horizons nouveaux permettent-elles et quels obstacles engendrent-elles ? Toutes ces questions se débattent sur fond de l'ultime séparation, celle de la maladie, qui conduit à la mort. Les paysages, où nous entraine la caméra, sont tantôt ascensionnels vers des sommets, tantôt des descentes vers l'océan ou aussi des promenades escarpées dans la forêt ou le village. L'excursion est également linguistique, puisque nous circulons entre anglais, français et portugais.
Les deux principaux atouts du film sur le papier (Huppert et le décor portugais) sont malheureusement ses deux principaux défauts. La raideur et la froideur d’Huppert s’accordent mal avec le cinéma de la douceur et de la lumière qu’est celui d’Ira Sachs. Un cinéma toujours très ténu, qui malheureusement se dilue un peu dans les paysages sauvages de Sintra et dans la structure chorale du scénario. Il y a pourtant beaucoup de jolies scènes qui sont autant de points de départ pour des intrigues plus resserrées et plus urbaines, comme Sachs sait si bien les agencer. Reste sa manière de cadrer les acteurs, à la fois très sobre et très singulière, qui sécrète une forme de mystère du quotidien proche de ce qu’on peut ressentir devant certains films d’Assayas (lequel apparaît d’ailleurs dans les remerciements de fin de générique, aux côtés de Robin Campillo et Laurent Cantet).
Des bobos new-yorkais arrogants, egocentrés et ignares parlent avec suffisance de leurs problèmes d'argent (ils en ont beaucoup) et de sexe (moins) tout en piétinant les paysages extraordinaires de la ville sublime de Sintra aux Portugal sans lui accorder aucune importance, ni d'ailleurs aux Portugais qui traînent dans le champ. Ils échangent sur la vente de leur appartement parisien de 3 millions, londonien ou new-yorkais du même tabac, la perte de leur bracelet de 40000 euros ou le salaire mirifique qu'ils ont reçu de George Lucas. Ces dialogues répugnants sont entrelardés d'histoires foireuses de couples foireux. Et de plus, ils sont littérairement nuls et prononcés sans la moindre conviction. Je préfère ne pas parler de la musique (du piano classique posé par ci par là), de la prise de vue (têtes coupés etc), des costumes (délirants) ... Enfin, pour parachever le désastre, notre Isabelle nationale prend un plaisir non dissimulé à écraser tous les autres acteurs autour d'elle en commençant par le lugubre Pascal Greggory transformé en stature de cire. Ce n'est plus un navet, c'est un rutabaga putréfié. Je répète : à fuir d'urgence !
Le cinéma d'Ira Sachs n'est pas de ceux qui assènent des vérités et font passer des messages avec force. Love is strange, Brooklyn Village et maintenant Frankie, il faut lui reconnaître une certaine constance dans la forme et dans le fond, avec une certaine idée du cinéma indépendant américain tel qu'il s'est enfermé dans un vague conformisme nonchalant et contemplatif. Frankie, contrairement à ce que son titre semble indiquer, est moins un portrait de femme qu'une tentative chorale qui décline façon catalogue les différentes formes de l'amour, à des âges variés. Autant dire que le film s'intéresse à des bribes d'histoires, sentimentales et existentielles, plus ou moins passionnantes et de toute manière peu développées. La chose n'est pas désagréable puisque l'on est à Sintra, au Portugal, et que l'on s'y promène longuement avec les protagonistes de Frankie, comme de simples touristes. Le personnage même de Frankie, incarnée par une Huppert très à l'aise dans ce rôle d'actrice au bout du chemin, n'est pas follement original mais reste suffisamment contrasté pour susciter un certain intérêt, ce qui n'est pas le cas pour ses compagnons en villégiature. Un peu frustrant pour des comédiens aussi talentueux que Brendan Gleeson, Jérémie Rénier, Pascal Greggory ou Marisa Tomei, entre autres. Frankie se termine sur un très beau plan qui survole de loin ses interprètes. A l'image, finalement, d'un film au caractère impressionniste qui ne suscite que peu d'émotion.
Le plus beau film du festival de Cannes 2019. Ira Sachs crée de film en film une œuvre puissante et essentielle. Il est le réalisateur le plus bressonien, Isabelle est juste merveilleuse dans sa non interprétation.
C'est un très beau film dramatique. C'est lent et contemplatif, j'ai beaucoup aimé. Il s'en dégage une grande sensibilité. Je ne comprends absolument pas que certains spectateurs n'aient pas été touchés franchement.
Magnifique rôle pour Isabelle Huppert ! Son personnage donne le ton et la vitesse du temps qui s'écoule à son rythme, lentement... Sans jamais entrer dans la mélancolie, au contraire, c'est l'amour qui gagnera.... Film d'une grande sensibilité par l'interprétation simple mais réaliste, Brendan Gleeson, Marisa Tomei excellente, Jérémie Renier ou Pascal Greggory, qui entourent chacun à leur façon, jouant leur partition pour la chef d'Orchestre Frankie, à l'instar su clin d’œil lorsqu'elle-même est au piano..... Je comprends que ce film ne plaire à tous, un peu lent, pas trop d'action.... mais raconte une belle histoire à travers des paysages Portugais, une mer splendide,.... et la vie continue.....!! **
Normal que le film suscite des extrêmes...Il est conçu de dialogues entre personnes, d'un milieu relativement bourgeois, new yorkais...Ces gens déambulent dans un village portugais ? (qu'il y avait de belles choses à montrer à SINTRA), neket (c'est en breton pour RIEN ) ou dans la nature….C'est pas compliqué, presque embêtant par moments...ça parle de divorce, de la pluie et du beau temps, de tourisme, de la difficulté de vivre, d'amitié, mais sans que vraiment le spectateur puisse en tirer de quelconque leçon ou philosophie...Bref je suis resté spectateur, passivement bien souvent, malgré la distribution ( Greg Kinnear, Isabelle Huppert, Pascal Grégory, entre autres)….Le film aurait pu mieux faire, je pense ( il ne pousse pas à la contemplation, ni à la poésie ou à la réflexion, il énumère des faits du genre, la valeur des bijoux d'Isabelle Huppert, la beauté de Porto (vous reprendrez bien une larmichette), la vie privée d'un tel ou tel)…..Quelqu'un a dit , c'est du Rohmer (Je trouve Rohmer plus profond et plus palpitant)…..sachez que le film a une certaine austérité, des dialogues sans actions….A vous de voir…..
J'étais étonnée par les critiques plutôt négatives mais péremptoires du genre " c'est un film à la Rohmer!" . Comme s'il s'agissait de l'horreur absolue d'être un film à la Rohmer en 2019 , de filmer de beaux paysages , d'avoir beaucoup de plans fixes. Et bien grâce à ces "défauts", j'ai vraiment beaucoup aimé ce film. Tous les comédiens jouent juste... pour moi. Beaucoup d'émotions.
Né à Memphis, c’est en 1992, à l’âge de 27 ans, que Ira Sachs a tourné son premier film," Vaudeville", un moyen métrage. Depuis "Forty shades of blue" en 2005, il tourne au rythme d’un film tous les deux ans. Avec des films comme "Love is strange" et "Brooklyn Village", il est devenu une figure importante du cinéma indépendant américain. Cette année, son dernier film, Frankie, était en compétition au Festival de Cannes où, au sein d’une sélection très moyenne, il a été injustement oublié. Assez curieusement pour ce réalisateur qui a beaucoup tourné à New-York, il s’agit d’une production franco-portugaise, tournée au Portugal avec une distribution internationale dont la figure de proue est Isabelle Huppert. Comme l’a fait Woody Allen avant lui, le très new-yorkais Ira Sachs a en effet choisi de s’exiler en Europe ne serait-ce que le temps d’un film. Ce séjour d’un jour à Sintra s’avère très riche en abordant avec finesse et pudeur, sans aucun pathos, le thème positif de la naissance des couples, celui, plus négatif, de leur mort, et celui, encore plus sombre, d’une mort annoncée. Entourée par une très bonne distribution, très internationale, Isabelle Huppert trouve ici un de ses meilleurs rôles.
De Ira Sachs (qui tourne pour la première fois hors des USA), j'avais bien apprécié The Married Life et Keep the lights on, beaucoup moins ses deux derniers Love is strange et Brooklyn Village. Celui-ci ne me disait trop rien, surtout après qu'il soit revenu bredouille de Cannes. Mais le casting était on ne peut plus alléchant et la bonne rumeur à fait le reste. J'ai fait bien fait car j'ai beaucoup aimé. Certes, l'ensemble est assez classique mais fait avec une élégance et une justesse toutes particulières. Une histoire de famille et d'amitié banale, où sur un rythme plutôt lent, il semble ne rien se passer. Mais chaque personnage est à un tournant de sa vie, que ce soit la fin, le milieu, un nouveau départ ou le commencement. Le thème général est plombant, mais le film ne l'ai pas du tout, pas de pathos ici. Si on a connu Isabelle Huppert dans des partitions plus fortes, elle est tout de même une fois de plus formidable et parfaite pour le rôle. Elle est avantageusement entourée par une distribution internationale parmi lesquels les toujours impeccables Brendon Gleeson, Jéremie Rénier, Marisa Tomeï, Pascal Greggory, Greg Kinnear ou la star portugaise Carlito Cotta (Diamantino). Une belle musique et des images superbes sur des décors naturels magnifiques finissent de donner à Frankie un charme aussi étrange qu'indéfinissable. Il se dégage du tout une très belle émotion, teintée d'une belle nostalgie. Une belle surprise pour un film attachant. Le meilleur de son auteur à mes yeux. Magnifique.
Dans « Frankie », Isabelle Huppert est une célèbre actrice française. Gravement malade, elle décide de passer ses dernières vacances entourée de ses proches à Sintra au Portugal. « Frankie » est un drame aux plans fixes et aux rythmes stables. Le réalisateur de « Brooklyn Village » réalise une œuvre simple qui nous rappelle celles d’Eric Rohmer avec une forte influence prise chez Woody Allen. Sérénité et mélancolie se côtoient avec habilité grâce aux échanges des personnages de toutes générations. Malheureusement, la construction en ellipses fait perdre toute la délicatesse des tableaux. Il réside également une certaine arrogance dans l’écriture qui place ainsi une distance avec le spectateur. Ira Sachs aurait gagné à ancrer son récit dans une dimension plus comique et plus terre à terre. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Toute la composition du récit est basée sur des enchaînements de scénettes où le dialogue est le vecteur d’émotions et de sens. Tout est dialogue dans Frankie et c’est son principal défaut... Cela ne retire en rien la qualité de l’écriture et de la narration, mais on se retrouve face à la sensation étrange de faire un bon stylistique en arrière.