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Charlotte28
128 abonnés
2 031 critiques
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4,0
Publiée le 9 février 2024
En suivant la permission d'un jeune allemand désabusé après deux années de combats se dessine le portrait contrasté d'un pays contraint de se confronter à son inquiétant futur par la perspective de l'inéluctable défaite à venir. Alors que se croisent nazis, résistants, simples citoyens ou soldats entre déni et honte, l'histoire glisse du film de guerre au mélodrame via une touchante romance qui rappelle la force et les illusions de l'Amour. Soutenue par un harmonieux couple de cinéma, la mise en scène efficace, réfléchie, explicite, évite les écueils du genre que sont didactisme, mièvrerie et pathos (malgré la lancinante musique). Mais au-delà du récit même, cette intrigue est d'abord celle d'un père, Douglas Sirk, qui fantasme les derniers jours d'un fils disparu, couvrant de son ombre chagrine l'enjeu de l'oeuvre, entre espoir chimérique et mélancolie souffrante. Où réalité et fiction se lient dans une ultime tentative désabusée d'orner de douceur un destin funeste... Bouleversant.
Il ne faut pas s’arrêter au scénario conventionnel du film (et du roman d'Erich Maria REMARQUE : l’histoire d’amour entre Ernst Graeber (John Gavin, 27 ans), soldat sur le front germano-russe, qui obtient, pendant l’hiver 1944, une permission de 3 semaines et Elisabeth Kruse (Lilo PULVER, Suissesse de 29 ans), fille de son médecin de famille. D’autant que, pour des raisons de convention, les dialogues des Allemands sont en anglais (seuls les Russes parlent leur langue), production américaine Universal oblige. C’est avant tout une description de la fin de la seconde guerre mondiale (tournée 12 ans après), vue du côté allemand [l’écrivain Erich Maria Remarque l’avait déjà fait pour la 1ère guerre mondiale avec « A l’ouest rien de nouveau » (1929), son 2e roman à 31 ans et adapté au cinéma en 1930 par Lewis Milestone] : maisons détruites (celle d’Ernst) par les bombardements américains, arrestation d’opposants (père d’Elisabeth), surveillance de la population par des partisans nazis (qui n’auront pas de problèmes pour se reconvertir et se mettre au service de la Stasi lors de l’occupation soviétique), train de vie luxueux mené par les chefs nazis (dont un ami d’enfance d’Ernst, devenu chef de district et qui en profite pour régler ses comptes avec son ancien professeur Pohlmann) alors la majorité de la population n’y croie plus et attend la défaite (plus personne ne fait le salut hitlérien). C’est aussi une dénonciation de l’absurdité et cruauté de la guerre (exécutions arbitraires de civils notamment), toujours d’actualité malheureusement. Une part autobiographique est vraisemblable, vu que Douglas Sirk, ayant quitté l’Allemagne en 1937, a eu un fils, Klaus, avec sa première femme (partisane nazie) et qu’il est mort sur le front russe en 1944. Enfin, on retrouve les caractéristiques des mélodrames de Sirk : le CinémaScope [procédé inventé en 1926 par le français Henri Chrétien (1879-1956) qui comprime l’image lors de la prise de vues (anamorphose) et qui l’étire, de façon panoramique, lors de la projection] succédant au Technicolor, son directeur de la photographie, Russel MUTTY (8e collaboration sur 9) et le recours pour la musique, non pas à Franck Skinner mais à Miklós RÓZSA (3 Oscar en 1946, 1948 et 1960). Cerises sur le gâteau : l’écrivain Erich Maria Remarque (60 ans) joue le professeur Pohlmann et Klaus KINSKI (32 ans), un lieutenant de la Gestapo.
Douglas Sirk est né Hans Detlef Sierck en Allemagne, à Hambourg en 1897. Devenu en 1934 réalisateur à l'UFA, il choisit, par antinazisme et pour protéger sa seconde femme d'origine juive, de fuir l'Allemagne hitlérienne en 1937 et d'abandonner son fils né d'un premier mariage avec Lydia Brincken, une actrice totalement acquise à l'idéologie nationale-socialiste. Inconsolable, Sirk ne se remettra jamais de la perte de ce fils, enrôlé, apprendra-t-il, dans les Jeunesses hitlériennes puis envoyé sur le front russe où il perdra la vie. Lorsqu'il tourne Le Temps d'aimer et le Temps de mourir (A Time to Love and a Time to Die, 1958), Douglas Sirk réalise probablement son film le plus personnel et son œuvre la plus bouleversante. Ernst Graeber (John Gavin) est en 1944 un soldat allemand sur le front russe. Au cours d'une permission, il retrouve sa maison détruite, ses parents disparus et une Allemagne en train de sombrer sous les coups des bombardements alliés. Dans le quotidien de cette tourmente de fer, de feu et de sang, il va retrouver Elizabeth Kruse (Liselotte Pulver), une amie d'enfance dont il va tomber amoureux et vivre avec elle une passion aussi incandescente qu'éphémère.......
Voir la suite de ma chronique à partir d'un photogramme extrait du film: https://etoilesdetoiles.blogspot.com/2021/09/les-liens-familiaux-chez-douglas-sirk.html
Le Temps d'Aimer et le Temps de Mourir de Douglas Sirk, est un film en temps de guerre, mais son approche est différente. Il est tourné tel un mélodrame, de plus il se place à l'arrière, pendant la permission d'un jeune soldat allemand, Ernst Graeber. Pensant retrouver ses parents et sa petite vie paisible pendant 3 semaines, il va vite déchanté. Villes en ruines, êtres chers disparus, bombardements à répétition... Il a tout simplement quitté un front pour un autre. C'est comme ca, la guerre est pareil pour tout le monde, soldats comme civils. Mais malgré tout il faut tenter de passer outre, de penser à autre chose, d'oublier, car comme le dit si bien Reuter " notre temps de permission, c'est notre temps vie. Ici 3 jours valent 10 ans". Pour cela il va être aidé de la sublime Elizabeth Kruse. Jouée par la belle Liselotte Pulver - dont je suis tombé amoureux au moins autant et aussi vite que Graeber - Elizabeth est une femme forte, courageuse, refusant de céder à la peur et de se cacher sans cesse dans les caves et abris. La magnifique histoire d'amour entre les 2 jeunes tourtereaux nous donne de l'espoir et un peu de vie, à l'image des camarades de chambrées d'Ernst retrouvant leur gaieté quelques instants à travers les récits du jeune homme. Ici au milieu des décombres et des impacts d'obus, un simple détail semble magnifique. Une pousse de persil, un arbre renaissant, une porte pleine de messages, un restaurant clandestin et sa cave où la guerre paraît ne pas exister. Mais très vite la réalité frappe à nouveau, la foi est mise en doute, la peur est présente comme on peut le voir la première fois oú Elizabeth et Graeber s'enfonce dans le bunker. Et le pire intervient le jour où la fin de la permission à sonné, un retour en Russie tel un appel à la mort, autant pour l'un que l'autre. Tout ça pour arriver à ce final terrible, la lettre d'Elizabeth, la sublime partition, la mise en scène léché et surtout la mort. La mort d'Ernst Graeber dans le film, mais bel et bien la mort d'un fils pour Douglas Sirk, qui vient ici mettre en scène le dernier souffle de son fils mort lui même au front. Que dire de plus, pas grand chose. Le Temps d'Aimer et le Temps de Mourir c'est indispensable, ca fait du mal, ça fait du bien, ça fait pleurer, ça fait rêver (Liselotte Pulver je t'aime), mais surtout ça fait rester bouche bée un bon bout de temps. Immense film.
Ce n’est pas un « film de guerre » : on n’y voit aucun soldat de l’autre camp, ni combat, ni bataille. Mais c’est un film sur la guerre, vécue du point de vue des victimes : les soldats envoyés au front et les populations civiles qui subissent à la fois les bombardements et la répression. Dans ce grand « mélodrame flamboyant », les scènes consacrées aux désastres produits par la guerre sont les plus réussies : les lieux de la vie passée transformés en ruines, la peur, les solutions de fortune pour survivre ou se cacher. Les meilleurs artifices du spectacle Hollywoodien sont au service du propos, magnifié par les couleurs, les décors, le rythme et l’ampleur de la mise en scène. Les moments consacrés à la relation amoureuse sont un peu moins convaincants, tendant parfois vers la mièvrerie. Mais le souffle lyrique de l’œuvre l’emporte, pour conclure par une scène autant émouvante que symbolique, merveilleux condensé de l’absurdité de la guerre.
Film à l'eau de rose sur un Allemand Nazi revenu dans son pays et tombant amoureux et, forcément, ne voulant pas retourner au front en Russie. Un point de vue étonnant rappelant un point de vue humain et avec un fin boostant un peu le film. J'ai beaucoup aimé la qualité de la colorisation et la musique accompagnant tout le film (on se croirait dans Benhur, lol). Pour l'histoire, elle traîne beaucoup... 3/5
Se plaçant du côté des Allemands, Sirk donne une vision à la fois humaniste et angoissée de la 2nde guerre mondiale, que ce soit sur le front russe ou en Allemagne, où retourne en permission un jeune soldat. Tout l'univers mélodramatique du cinéaste est magnifié par l'utilisation des couleurs, ici en teintes essentiellement sombres, une des rares exceptions étant la vaste demeure immaculée du chef de district où tous les excès sont permis.
Il n'y a pas que les occupés qui ont souffert pendant la seconde guerre mondiale. Ce film nous raconte une histoire simple d'un soldat allemand en permission. Il rencontre la fille dont le père, médecin, a été déporté en camp de concentration et en tombe amoureux. Lui-même ne sait pas si ses parents ont pu se réfugier quelque part avant que leur maison ne soit détruite sous les bombes. La force de cette œuvre, c'est qu'elle nous montre les deux côtés de l'humain tout cela dans un contexte anxiogène où chacun essaye de survivre voire d'aimer.
Épouvantablement ennuyeux. C'est la mise en scène d'un livre qui n'a a priori pas l'air très intéressant au vu de ce que ça donne à l'image. Ce n'est même pas vraiment long tant ça ne présente aucun intérêt. La musique du compositeur hongrois est cependant très bonne. De même, sont bons les plans et les acteurs, mais tout cela est au final ennuyeux au possible.
Annoncé de façon dithyrambique sur Arte, on s’est laissé prendre. Déception, à l’arrivée.
Aborder le sujet de la 2ème guerre coté allemand sur le front russe et dans les villes sous les bombes en 44, voilà une approche originale, sur la base d’un livre de E. M. Remarque, auteur pacifiste reconnu, et qui d’ailleurs joue un petit rôle d’un résistant de l’intérieur.
Mais D. Sirk n’a pas su sortir de son environnement hollywoodien , et son film a vieilli avec lui. Décors de guerre pas réalistes, héros bien propres sur eux au milieu des bombes, clichés sur le copain lycée devenu chefaillon nazi débauché, tout y passe et nous laisse sur le bord d’un chemin que nous aurions volontiers suivi. TV1 - février 2022
Chef d'oeuvre humaniste de Douglas Sirk. Ce film amène à une véritable réflexion sur la stupidité de la guerre et ses conséquences. Film à découvrir absolument.
Une merveille de film. Le film suit un jeune officier Allemand revenant en permission dans sa ville natale de Cologne détruite en grande partie, alors que l'armée Allemande bat en retraite devant les assauts russes. Douglas Sirk joue des contraire, fait émerger l'amour au milieu de la mort et du chaos dans une histoire quelque peu naïf mais jamais mièvre. Visiblement, le roman d'origine était un beau terreau pour faire émerger les meilleurs sentiment au milieu de la bassesse humaine, les abus de pouvoir au sein d'une population déboussolé. Les grand sentiments nous emportent à travers une fresque lyrique, doté d'un technicolor flamboyant et d'une musique émouvante, qui montre l'absurdité de la guerre et des générations sacrifiées
L’un des plus beaux mélos de Sirk, l’un des plus sombres aussi. Le film manque parfois un peu d’un fil directeur, mais c’est que ce fil est la guerre elle-même et ses effets dévastateurs, au front comme à l’arrière. Sirk ne lésine pas sur les moyens et réussit à sublimer les bombardements et les ruines sans tomber dans l’indécence d’occulter l’horreur qu’ils représentent. Avec tout l’artifice qui caractérise son cinéma, il parvient quand même à offrir l’une des représentations les plus saisissantes de la guerre que j’aie pu voir sur un écran. Et il effleure au passage le concept de banalité du mal, 5 ans avant Hannah Arendt (même si c’est sûrement plutôt à mettre au crédit du roman d’Erich Maria Remarque qui est adapté ici).