Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées, petite bourgade de 14 000 âmes, voit débarquer en son sein plus de 3 millions de pèlerins chaque année. Depuis 1858, les médecins ont constaté 7000 guérisons inexpliquées et 70 miracles reconnus par l’Église. Lourdes est devenu plus qu’un symbole pour des millions de pèlerins qui espèrent tous y croiser un miracle, un espoir ou une guérison…
C’est ce qui s’appelle faire le grand écart. Après avoir brossé le portrait de l’un des plus célèbres hardeurs de l’industrie du X avec Rocco (2016), Thierry Demaizière & Alban Teurlai récidivent avec un tout autre sujet, à l’extrême opposé de leur précédent film puisqu’ils ont posé leur caméra dans un sanctuaire catholique, à la rencontre des pèlerins. Ces derniers sont emplis d’espoir, pour soigner un mal-être ou une maladie. Les réalisateurs sont allés à la rencontre de ces hommes, femmes et enfants, infirmiers et bénévoles, tous sont animés par une seule envie, une seule et même croyance. On y croise tout type de profil, des personnes malades (infirmes, atteints de maladies orphelines, handicapés, …), des gens du voyage, des prostituées (via l’association Magdalena), …
Les portraits sont extrêmement variés, près de 8 mois d’enquêtes auprès des diocèses de toute la France pour trouver des pèlerins qui acceptent de se confier face caméra, sans voyeurisme ni fausse pudeur. Du chef d’entreprise atteint de la maladie de Charcot à ce militaire qui accompagne son fils dans ses derniers instants. Sans oublier cette adolescente qui lutte contre la maladie et un mal-être, ce travesti ou encore Jean-Louis qui, suite à une tentative de suicide a perdu l’usage de la parole et sa mobilité (scène poignante à la toute fin du film où, au détour d’une conversation, il parvient à exprimer tant bien que mal un « je vous aime très fort » à ses accompagnatrices).
Des témoignages touchants & déchirants pour certains, comme Patrick, père de famille qui accompagne son fils atteint du syndrome de Prader-Willi et dont le petit frère de 2ans, resté à la maison, est atteint "d’épidermolyse bulleuse" (et dont l’espérance de vie n’excède pas… 2ans !). La misère du monde semble s’être donné rendez-vous devant le rocher de la grotte de Lourdes où les pèlerins, les uns derrière les autres, attendent leur tour pour toucher, caresser ou embrasser la grotte.
Des moments terriblement émouvants, des portraits touchants et au destin tellement tragique et douloureux. Lourdes (2019) n’est pas un film sur la religion ou sur l’Église, loin de là (c’est un athée qui vous le dit). Ce film est bouleversant, une véritable claque émotionnelle, magnifié par de très beaux plans et une musique envoutante.
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